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JO, quiz et voyage à Tahiti avec le théâtre de la Mascara 

  • Aisne

Pour leur dernière date avant la rentrée de septembre, les artistes du théâtre de la Mascara ont présenté à Villers-Cotterêts, au cœur du quartier Route de Vivières, leur spectacle JO, en avant la musique devant un public très jeune, mais conquis ! 

Avec sa veste étincelante, sa valise de cuir marron floquée du drapeau olympique et son chapeau, Nicolas sait comment appâter son public : il l’a promis, il l’a juré, celui ou celle qui remportera le quiz qu’il s’apprête à proposer avec ses comparses, gagnera le droit d’assister à la finale de surf des JO de Paris 2024, dont l’épreuve se déroule à Tahiti. 

Un voyage au beau milieu du Pacifique, ça ne se refuse pas. Le public déjà assis tend l’oreille et ceux qui jouaient les timides, installés contre la barrière du parc pour enfants, s’avancent vers les artistes. Nous sommes au milieu du square du quartier Route de Vivières, quelques jeunes jouent un peu plus loin, et d’autres promènent leur chien. Sur la scène, ou du moins, sur le carré d’herbe encore plutôt vert, ils sont six. Six artistes, chacun vêtu aux couleurs du drapeau olympique : rouge, vert, bleu, jaune et noir pour les anneaux et blanc, pour le fond. Devant eux, une poignée d’adultes mais surtout un grand nombre d’enfants dont le plus âgé doit avoir onze ans. Mais qu’à cela ne tienne, Nicolas et sa bande vont adapter leur prestation. 

Pendant 45 minutes, Nicolas va jouer avec le public à un grand jeu de questions-réponses autour du thème des JO. Cet évènement sportif le plus suivi du monde aura lieu à quelques kilomètres de là l’an prochain et la flamme va même passer à Villers-Cotterêts, alors autant se rafraîchir la mémoire. Sauf que Nicolas n’a rien d’un présentateur solennel, il est accompagné de Pierre, au chant, à l’harmonica et à la guitare, d’Antoine au trombone, de Gabriel au tuba et au soubassophone et d’Augustin, au cor, trompette et cornemuse. Et puis il y a Aurélie, la mère des musiciens, un peu pressée, un peu agacée, mais qui au final, joue un peu des coudes pour poser, elle aussi, des questions. Vous l’aurez compris, ce spectacle, porté par les artistes du théâtre de La Mascara, mêle culture sportive et musique, le tout, dans un esprit bon enfant. 

Chaque question est ponctuée par des interludes musicaux, histoire de mettre sur la piste les participant·e·s, à qui la réponse ne sauterait pas de suite à l’esprit. Très vite, les enfants tapent dans leurs mains pour accompagner le rythme de la musique, lèvent bien haut le doigt pour espérer être sélectionné et du côté des adultes, les réponses fusent. Où ont eu lieu les premiers Jeux olympiques ? Comment s’appelle leur créateur ? Que représentent les anneaux sur le drapeau ? Les questions s’enchaînent et Fabienne tire son épingle du jeu. Tahiti n’est plus très loin. Le temps passe et les notes du trombone, de la trompette et de la guitare ont fait pointer quelques visages aux fenêtres des blocs qui entourent le square. 

Mais si les questions parlent de sport, le sujet n’est pas si léger que cela. Car les Jeux olympiques, sont « bien plus politique qu’il n’y paraît », comme n’a de cesse de le souligner Nicolas. Pour ne pas dévoiler le contenu du spectacle, on n’en dira pas plus, mais on découvre ou redécouvre que les JO permettent d’aborder les questions de racisme, de sexisme ou encore de géopolitique. 

On approche de la fin, les questions valent de plus en plus de points, et dans la dernière ligne droite, Fabienne se fait doubler par Thierry, qui remporte le gros lot. « C’est râpé, on va rester à Villers-Cotterêts », glisse-t-elle à son amie. « Tant pis pour Tahiti, j’irai à Fort-Mahon ! », poursuit-elle dans un large sourire. De son côté, Thierry, lui, laisse exploser sa joie. « Je suis très heureux et fier ! », lâche le grand gagnant, d’un prix qui a peut-être changé de dimension au moment de la remise (mais encore une fois, il faut que la surprise reste entière.)

Les artistes quittent la pelouse sous les applaudissements du public, ravi d’avoir assisté à un spectacle à deux pas de chez eux. « J’ai bien aimé la musique, le déroulement du spectacle. C’était très sympa, ça change ! », confie Alexis. « Et ça ne fait pas de mal de réviser sa culture générale ! » Julyan, dix ans, a eu la chance d’être sélectionné dans le public pour porter la flamme olympique sur scène. « J’ai trouvé ça cool. C’était drôle et surtout c’était impressionnant de faire semblant de porter la flamme » raconte le jeune garçon avant de courir vers la tyrolienne. Adama, 7 ans, qui lui aussi a pu porter la flamme, a surtout « aimé la musique » tandis que son copain Henry, 10 ans, était content de pouvoir jouer et de parler des JO, parce que lui, son truc, « c’est la course ». Marie-Hélène, Christelle, Valérie et Prescillia sont des amies qui vivent autour du square. Elles aussi étaient ravies du spectacle. « Il y avait peu d’adultes et beaucoup d’enfants, mais on a eu l’impression que tout le monde était content. Nous, on a juste trouvé les questions un peu dures ! » glissent-elles. 


Du côté des artistes, qui ont enchaîné ces derniers jours les représentations dans les Ehpad et les hôpitaux, ce spectacle en extérieur et devant un public rajeuni leur a fait beaucoup de bien. « C’était chouette, ça nous change et c’était agréable de voir passer des têtes par les fenêtres pendant le spectacle », raconte Pierre. « Les enfants, dès la fin du spectacle, sont venus toucher et tester les instruments, c’est génial de voir ça », complète Aurélie. « L’ambition de Plaines d’été est d’aller toucher des publics qui ne vont pas toujours dans des lieux culturels, alors c’est important pour nous d’aller dans tous ces endroits, même si l’on n’est pas toujours d’accord avec la couleur politique locale. », explique Nicolas. « Mais c’est important pour les gens que nous soyons là. Nous avons reçu beaucoup d’aide de la part d’Aurélie de l’EVA (espace de vie et d’animation) du quartier pour mettre en place cette représentation. » JO, en avant la musique, rappelle que le sport et les compétitions sportives sont politiques. On peut aisément ajouter à la liste les représentations culturelles.

Texte et photos : Clémence Leleu

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