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Roméo et Juliette version cabaret lyrique

  • Oise

35 minutes. Pas une de plus. Voilà le temps que s’est imparti la compagnie La clef des chants pour son spectacle Roméo et Juliette version cabaret lyrique adapté d’après les œuvres de Bernstein, Berlioz ou Gounod. À titre de comparaison : pour Roméo et Juliette par le compositeur français du XIXe, il faut compter 3h35. Le challenge du metteur en scène Édouard Signolet à conter ce mythe Shakespearien est-il relevé ? À en croire les réactions du public venu assister mercredi 27 juillet à la représentation à la Maladrerie Saint-Lazare de Beauvais, la réponse est : absolument. En témoigne la première question posée au terme du spectacle lors de l’échange entre les artistes et l’auditoire : « Où peut-on vous revoir ? »

© Clémence Leleu

Il est vrai qu’en quelques minutes la soprano Ainhoa Zuazua, le ténor Rémy Poulakis, l’accordéoniste Pierre Cussac et la comédienne Celine Groussard emportent le public par un subtil mélange de narration et de chants, où vient s’interposer le son si particulier de l’accordéon, que l’on n’attend a priori pas dans un spectacle lyrique.  « L’accordéon permet plusieurs timbres, il peut imiter un orchestre, proposer d’autres choses », explique Pierre. « Il est compact et est idéal pour accompagner la voix car fonctionne sur le même principe », poursuit l’artiste.

Durant ces 35 minutes les émotions sont multiples, Roméo et Juliette version Signolet emportant bien souvent les sourires et rires du public. « Quand j’ai vu Roméo et Juliette, je me suis dit : ça va être triste », explique un spectateur à la compagnie, « Mais en fait nous n’avons pas arrêté de rire sauf bien sûr à la fin où on a eu un gros frisson… », poursuit-il.

« Réécrire Shakespeare est un exercice que j’aime beaucoup. J’aime le parodier, c’est aussi une manière de rendre hommage », explique Édouard Signolet, « La tragédie est le plus simple à parodier. Je pars de ce que tout le monde connaît pour approfondir l’objet. Le détourner de manière drôle mais toujours respectueuse. » Et alors pourquoi donc se limiter à 35 minutes si tout le monde semble en redemander ? Pour que ce spectacle puisse être vus partout et par tous. « Ce format condensé, avec une mise en scène épurée, permet de pouvoir nous déplacer dans les écoles, les Ehpad, les prisons ou les places de village. Et puis 35 minutes ça permet aussi aux gens qui pourraient avoir des a priori sur le lyrique de se dire : ça va je ne vais pas trop souffrir ! », explique le metteur en scène dans un sourire. « La voix lyrique n’est pas morte et nous luttons pour qu’elle survive »

Christophe, venu assister au spectacle sur sa pause déjeuner partage l’analyse d’Édouard Signolet. « Je n’avais jamais vu de spectacle lyrique et 35 minutes ça ne rebute pas. J’ai trouvé ça très dynamique, très original et on sent tous les artistes investis. » Un avis partagé par sa compagne Corinne, « Ils cassent les codes. Et la voix de la chanteuse m’a emportée si loin. Ça m’a fait un truc très puissant dans tout le corps. » De quoi leur donner envie de retourner voir une représentation de ce genre ? « Je pense qu’on va renouveler l’expérience, on va guetter ce qu’il se fait par ici. Là je dois retourner travailler mais vraiment je me suis bien relâché, j’ai été dans une bulle pendant une demi-heure », confie Christophe.

© Clémence Leleu

Marie-Paule a, elle aussi, beaucoup aimé. « La dernière fois que je suis allée à l’opéra c’est une mise en scène lugubre, ça m’avait un peu refroidie. Là, avec la personne qui conte, les chanteurs, l’accordéoniste ça donne une grande variété de style et c’est aussi très drôle ! » Drôle, c’est aussi le qualificatif choisit par Angélique pour qualifier la prestation de La clef des chants. « C’est drôle, c’est émouvant. On sent aussi la belle complicité qui lie les artistes entre eux, et qu’ils aiment ce qu’ils font. »

Et les artistes alors ? Hé bien eux ont été conquis et par le public, réceptif, mais aussi par la salle de la Maladrerie qui avec ses vieilles pierres et sa charpente de bois offre une acoustique particulière. « Le bois et la pierre, ce sont comme des trampolines à imagination » lance Celine. « C’était hyper agréable, on avait l’impression d’entrer dans un décor adapté à Roméo et Juliette. »

« Il y avait une très belle écoute des gens » complète Rémy « Et les personnes du public étaient très différentes, qui n’étaient pas forcément du coin et ça c’est génial. » Lorsque l’on confie à Ainhoa qu’une bonne partie du public a loué sa voix, elle lance, touchée, « C’est le pouvoir qu’à la voix. On en a tous une alors ça touche les gens. Certains nous disent à quel point le corps vibre quand ils écoutent le spectacle. C’est tellement agréable d’entendre ces retours ! »

Alors que la conversation initiée de fin de spectacle se termine, Édouard Signolet demande au public s’il lui reste une dernière question. Une main se lève : « Je n’ai qu’une seule chose à dire : continuez, c’est super ! » C’est signé Marie-Paule. Et nous aussi, nous allons finir là-dessus.

© Clémence Leleu

Texte et photos : Clémence Leleu

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