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Piano, moutons et violon, un concert à la ferme

  • Oise

C’est au milieu des moutons et des bottes de foin de la Ferme des 4 saisons que l’ensemble Contraste s’est produit samedi 17 juin. Ce concert, qui mêle musique classique et succès populaires a emporté le public de Chevrières, qui attend déjà la prochaine édition. 

« On se met où ? À côté des moutons ? » Il est un peu moins de 20h et spectateurs et spectatrices commencent à arriver à la Ferme des 4 saisons, en plein cœur de Chevrières. Ce soir, pas de découverte de l’exploitation ni de vente directe de produits fermiers, mais un concert de l’Ensemble Contraste qui a pour ambition de décloisonner la musique classique des salles de concert traditionnelles et de mêler musique savante et populaire. 

Dans le cadre de leur festival itinérant Concerts à la ferme, l’ensemble se produit à l’abri du hangar, à quelques pas des moutons, chèvres, lapins et de Titus, le cheval. Pour ces derniers, c’est l’heure de dîner et alors que tout le monde est installé et que l’air s’est rafraîchit juste ce qu’il faut après l’orage, le spectacle va pouvoir commencer. Irina de Baghy, la mezzo-soprano entourée d’Arnaud Thorette au violon, Pascal Mabit au saxophone, Alix Merckx à la contrebasse et Johan Farjot au piano ouvrent le concert par un classique : Singin’ in the rain.

© Clémence Leleu

Après quelques mesures, les têtes dodelinent, les pieds battent la mesure, les doigts claquent et les mains applaudissent. Le public est happé, les animaux sont immobiles, sans doute étonnés d’assister à un tel spectacle. À J’ai deux amants de Sacha Guitry et Yvonne Printemps succède une mélodie de Gershwin, puis c’est au tour d’I feel pretty de West Side Story d’être déclinée devant un public toujours plus enchanté. Au fil de la représentation Irina n’hésite pas à aller à la rencontre du public et à échanger, complice, quelques mots avec lui. « Je vais avoir besoin de vous, normalement j’ai 120 chœurs autour de moi en plus des musiciens » glisse-t-elle dans un large sourire avant d’entonner L’amour est un oiseau rebelle de Bizet. 

Bernstein, Chaplin, Offenbach, pendant près d’une heure trente les morceaux s’enchaînent et alors que la dernière note est posée, le public applaudit à tout rompre et très vite des « encore ! » très sonores se font entendre.  « C’est la première fois qu’on joue dans ce décor. Vous avez envie qu’on revienne ? », questionne Arnaud le violoniste. La réponse fuse :  « Oui ! » Alors les musiciens offrent un peu de rab en interprétant Oh happy day et Over the rainbow. Nouveau tonnerre d’applaudissements, suivi cette fois de bêlement des moutons qui semblent eux aussi satisfaits de la prestation.

© Clémence Leleu

« On s’est fait emporté par leur énergie »

« Cela m’a procuré beaucoup de joie. C’était la première fois que j’assistais à un concert dans un tel endroit. J’ai beaucoup aimé la simplicité du cadre, c’est important de sortir la musique des salles guindées. Et on ressentait la joie des musiciens, c’était merveilleux, ils ont été très généreux. », confie Mélanie. « C’était excellentissime ! Les musiciens, la chanteuse, le décor avec les moutons… Tout est fabuleux », raconte, enchantée, Karine. « L’acoustique était parfaite, alors qu’on est dans une ferme. Entre la voix de la chanteuse et la qualité des instruments, tout allait. », complète Albin. Pierrette et Gilbert, retraités, ont eux aussi adoré. « C’était très bien, elle a une voix exceptionnelle. Nous étions très émus lorsqu’ils ont interprété l’Ave Maria. »

« C’est super qu’il y ait eu un concert comme celui-ci dans le village. Avec tous ces instruments, on s’est fait emporter par leur énergie. Il y a avait plein d’univers différents. J’ai adoré »

Claire, une habitante de Chevrières

Anaïs, Virginie et Cécile sont trois copines du village, pour elles, aucun doute : « C’était un très bon moment, il y avait la musique et le chant mais aussi beaucoup d’humour. Le tout en plus dans une ferme ! » Un avis aussi partagé par Claire, 26 ans, venue avec son compagnon, tous les deux habitants de Chevrières. « C’est super qu’il y ait eu un concert comme celui-ci dans le village. Avec tous ces instruments, on s’est fait emporter par leur énergie. Il y a avait plein d’univers différents. J’ai adoré » Pour Mélanie, agricultrice et cheffe de l’exploitation, ce concert au sein de sa ferme est une réussite : « Ça fait très plaisir que les gens se déplacent, c’était un moment très chaleureux où tout le monde se rassemble. On a un mélange parfait entre la culture et l’agriculture. » 

© Clémence Leleu

Pour les artistes aussi, cette prestation entre les moutons et les bottes de foin a été une réussite. « L’atmosphère et l’ambiance m’ont épatée. J’ai débuté en tant que chanteuse de comédie musicale et de club de jazz, donc être proche du public ne me fait pas peur. », explique Irina. « Ici on est vraiment à côté d’eux. Lorsque l’on joue devant 2500 personnes à Bastille, il y a forcément une distance avec le public, la communion est un peu moins forte. En tout cas, disons que l’on n’est pas sûr de ce qu’ils ressentent donc on s’appuie sur les collègues. Ici, l’énergie, la joie ou la tristesse, on la cherche dans le public. »  « Il y a un côté inattendu. Cela crée des ambiance dont on n’a pas l’habitude. On voit le sourire des gens. » complète Johan le pianiste. « Ce concert c’est une formule tout terrain. Mais cela ne nous empêche pas de garder notre rigueur. Il y a au milieu de la ferme un vrai piano, nous portons nos tenues de scène… » Arnaud, le violoniste, est lui aussi ravi. « Nous nous sommes rendus compte que l’acoustique dans les granges était généralement très bonne, avec leur haut plafond, le bois et les pierres, cela donne une sonorité très noble. » 

« Ce concert c’est une formule tout terrain. Mais cela ne nous empêche pas de garder notre rigueur. Il y a au milieu de la ferme un vrai piano, nous portons nos tenues de scène… »

Arnaud, violoniste

« En tant qu’artiste, nous avons besoin de chercher un nouveau public, de sortir de cette idée de codes culturels à maîtriser. Nous, nous n’y pensons pas un instant ! Beaucoup de gens ont peur de ne pas être à leur place. Avec ce spectacle, l’idée est aussi de montrer qu’il n’y a pas de place, il y a juste la musique, qui réunit les gens et les artistes. », conclut Irina. « Ce genre de moment remplit mon âme artistique. Nous avons fait notre spectacle et maintenant nous pouvons discuter avec le public en buvant un verre. Entendre leur ressenti. C’est vraiment fabuleux. »

© Clémence Leleu

Texte et photos : Clémence Leleu

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