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Médiathèque, Ephad ou Piac, le jazz de La note bleue s’immisce partout

  • Oise

Alors qu’il a, avec ses comparses pianiste et batteur, accompagné musicalement la présentation de la saison 2023-2024 du théâtre du Chevalet de Noyon, Julien Trigaut revient, pour Plaines d’été, sur son expérience artistique de délocalisation de la culture hors des murs des lieux « classiques » de spectacle. 

Julien Trigaut est contrebassiste et, avec Jérémy Platey à la batterie et Pierre Cretel au clavier, ils ont présenté La Note Bleue, un spectacle musical dédié au jazz et à son évolution tout au long du XXe siècle. En temps normal, ou disons plutôt, hors des Impromptus imaginés pour Plaines d’été, le spectacle se joue à l’intérieur, dans une salle prévue à cet effet, avec un public venu pour les écouter. Il s’agit d’ailleurs d’un concert-conférence.  Le spectacle est pensé comme une expérience immersive : les spectateurs sont parfois plongés dans le noir, ils sont entourés d’enceintes spatialisant certains événements et en une poignée de minutes les sens sont bouleversé.

L’histoire du jazz va pouvoir leur être contée, en mots et surtout, en musique. Nouvelle Orléans, Swing Era, Bop, Cool ou Free, tous les styles y passent. Pour Plaine d’été, le trio a repensé l’organisation du spectacle, puisqu’il n’est, et c’est là tout le but du dispositif, jamais joué dans une salle de spectacle. Alors il faut imaginer une nouvelle narration, sans sacrifier l’idée initiale. Contourner, improviser, vulgariser aussi, pour que tout le monde puisse s’y retrouver, amateurs de jazz comme novices. 

© Clémence Leleu

Pour Plaine d’été, Le collectif La note bleue a pour le moment tourné dans des lieux aussi divers qu’une médiathèque, une Piac (Pépinière d’initiatives et d’Activités Créatrices) et un Ehpad. « C’est très intéressant car on va à la rencontre de publics que l’on ne touche pas habituellement », raconte Julien Trigault. « Les gens ne sont pas forcément des aficionados du jazz, alors on joue des morceaux emblématiques, qui ne sont parfois même plus touchés par les musiciens tellement ils ont été entendus. Mais nous, notre but, c’est de faire découvrir cette musique à ceux qui ne la connaissent pas, pas de s’adresser à une foule de connaisseurs. »

Alors pour ce faire, le spectacle est divisé en plusieurs parties, avec toujours, en filigrane, cette idée de présenter un siècle de jazz, « la bande son du XXe siècle », comme le décrit le contrebassiste. Tous les deux morceaux, le trio explique le changement de période. Ils commencent avec le swing des années 30 pour arriver à l’âge d’or de cette musique des Afros-Américains, des années 1950-60. « L’idée est de ne pas faire quelque chose de trop didactique. De créer un lien avec les gens. Et surtout de ne pas faire comme s’ils y connaissaient quelque chose. Ils ont le droit de ne rien savoir du tout ! »

© Mairie de Carvin – L’atelier Média

Lors de leur passage en médiathèque, les musiciens ont été agréablement surpris de constater, alors qu’ils étaient venus jouer pour un public plutôt adulte, de voir des jeunes adolescents, installés dans l’espace jeux vidéos, délaisser quelques minutes leurs manettes pour venir écouter le concert. À la Piac, là aussi, ils ont eu la surprise de ne pas trouver que des entrepreneurs mais aussi leurs familles, avec parfois des enfants. « Les retours étaient très positifs, même des gens qui entendaient cette musique pour la première fois. », confie le musicien.

Mais c’est de leur impromptu à l’Ehpad que Julien Trigault garde le souvenir le plus ému. Déjà parce qu’il était un peu anxieux à l’idée d’y jouer. « On a vu à quoi pouvait ressembler la vie dans les Ehpad dans l’actualité ces dernières années, j’ai aussi moi-même un proche qui y réside, ça remue des souvenirs. Ce n’est pas simple. Et aussi et surtout parce que l’on joue avec des gens qui ne peuvent pas partir une fois le spectacle terminé. C’est difficile pour l’égalité avec son public. », explique le contrebassiste. Mais une fois les musiciens installés dans la salle commune, les doutes s’envolent face aux mines emballées des résidents. « Leurs retours ont été très touchants. Ils nous ont dit que la musique leur faisait remonter des souvenirs. Notamment des souvenirs d’enfance, de moments où ils ont pour certains entendu ces morceaux dans un moment précis de leur vie. Avec Plaines d’été on découvre des types de publics que l’on avait jamais rencontrés et pour des musiciens qui ont passé 40 ans, ça n’arrive pas si souvent. »

Texte et photos (sauf crédit contraire) : Clémence Leleu

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