PLAINES D’ÉTÉ – B.I.L.A. – 15 janvier 2022 – Bruay-La-Buissière
Est-ce vraiment un spectacle ? Est-ce une exploration scientifique ? Il y a de quoi être un peu perdu. B.I.L.A., de la Compagnie L’Arrêt Création, est une proposition particulière, une expérience dont on ressort bousculé et émerveillé. B.I.L.A. signifie Bureau d’interprétation de la langue des arbres. Cet impromptu, qui est présenté comme « un spectacle immersif en milieu naturel », se pose le samedi 15 janvier au Parc Roger Salengro à Bruay-La-Buissière.
Les participants ont été conviés par le BooKKafé, bistrot solidaire et culturel situé juste en face d’une entrée du parc. Un des comédiens vient chercher la douzaine de personnes devant le café
et tout le monde se retrouve pour écouter les explications d’Eglantine et Pierre-Olivier, membres du B.I.L.A.
Cette introduction, à la fois drôle et sérieuse, permet d’appréhender l’expérience que chacun va vivre : des scientifiques ont découvert une fréquence sur laquelle il est possible d’écouter les arbres. Car les arbres parlent entre eux ! Les deux comédiens précisent : « Le B.I.L.A. se désolidarise des propos que les arbres pourraient tenir à l’égard des humains. »
Chaque participant met ensuite un casque sur les oreilles et l’exploration dans le parc peut commencer.
Au fil de cette déambulation, les deux comédiens/scientifiques, Julie Forquet et Camille Faucherre, règlent leur antenne de captation et petit à petit, les arbres se mettent à parler. Ils parlent, discutent entre eux, râlent, s’invectivent.
Il y a des adultes, des enfants, des vieux arbres et des jeunes arbustes. Ils se moquent aussi les uns des autres.
Malgré la discrétion avec laquelle ils opèrent parfois…
… les explorateurs se font repérer et les arbres s’insurgent : « Dehors les humains ! ». Les participants se font alors traiter d’« envahisseurs », de « parasites » et les arbres commencent même à scander : « On est chez nous ! »
Il est temps pour les humains de partir vite dans une partie du parc,
le long de la piscine Art Déco.
Dans ce nouveau moment du spectacle / expérience, les arbres se rendent comptent que les humains les écoutent et l’ambiance devient plus apaisée. Des textes poétiques sur les arbres accompagnent la déambulation, avec des sons de la nature : bruit d’un ruisseau qui coule ou de la pluie, souffle du vent, grondement d’un orage. Chacun, avec le son qui lui arrive directement dans les oreilles, est alors plongé dans un moment plus doux. Plusieurs participants s’appuient contre un arbre et l’enlacent, la tête penchée vers le tronc.
D’autres s’accroupissent, ramassent des feuilles et les hument.
L’impromptu rentre enfin dans sa dernière partie, la plus forte en émotions. Les participants rejoignent une grande étendue d’herbe.
Là, les arbres s’adressent directement aux humains. Ils nous parlent : « Pose ta main sur le sol. Pose-la vraiment.
Cette terre t’attire. Frotte cette terre entre tes doigts. » La voix est douce, la musique qui accompagne cet instant est planante. Chacun joue le jeu.
Puis, s’éloignant de la pelouse, chaque participant rejoint un arbre.
Toujours à l’écoute de cette voix hypnotisante :
« Lève ta tête vers la mienne, prends-moi dans tes bras.
Les câlins des humains, cela me réconcilie.
Tu peux me serrer dans tes bras. Serre-moi fort »
Cette fin de spectacle tout en douceur est un grand moment de plénitude, où chaque personne est en « conversation » avec l’arbre qu’il a choisi, dans un rapport presque charnel.
La voix continue : « Tu poseras ta colonne vertébrale contre la mienne. Je ne suis rien sans les autres autour de moi. Comme toi. Tu t’adosseras et tu fermeras les yeux. Tu sauras comprendre notre langue. Quand tu enlèveras ton casque, tu nous entendras à jamais »
La douce musique, composée par Grégoire Terrier, s’est arrêtée dans les casques. Les arbres se sont tus. Pendant quelques minutes, les spectateurs sont hagards, avec des sourires sur leurs visages. Puis ils se retrouvent et partagent leur enthousiasme. Comme Thierry, 58 ans, venu de Saint-Hilaire-Cottes : « Ce que nous avons vécu aujourd’hui, c’était comme un spectacle dans lequel il faut se laisser aller, se perdre dedans. Nous sommes complètement immergés avec notre casque sur les oreilles. Il n’y a pas de parasite sur les côtés. C’est une expérience qui permet de réaliser l’importance des arbres. Ce spectacle dans un parc, c’est un accès différent à la culture. C’est génial. » Karine, 47 ans, habitante à Ruitz, complète : « C’était plutôt une expérience qu’un spectacle. Une expérience qu’on vit ensemble. Au début, j’étais un peu bousculée car on est seul avec ses écouteurs. Puis je suis partie dans l’expérience et j’ai vraiment apprécié. J’ai redécouvert ce parc où je me balade régulièrement. Cela faisait longtemps que je ne l’avais pas regardé comme ça, que je n’avais pris le temps d’admirer ses arbres. »
Dans la continuité de l’impromptu, plusieurs participants rejoignent le BooKKafé pour boire un verre et échanger encore autour du spectacle. Julie, 42 ans, venue de Fouquereuil, est conquise : « J’ai aimé la poésie dans ce spectacle. J’étais submergée par l’émotion qu’il s’en dégage. Ce spectacle est immersif, méditatif. J’ai eu l’impression de me reconnecter à la nature, de ralentir, de sortir des sentiers battus, de faire un voyage intérieur. Cela m’a chamboulé. Ce spectacle permet de se reconnecter avec ses sens, le toucher, l’odorat. J’ai vu une feuille et je l’ai ramassée, et je l’ai gardée après. En plus, il y avait du soleil. Cette belle météo était idéale pour apprécier ce spectacle. » Véronique, 51 ans, est venue, elle, d’Auchel : « Tout était très beau, le site, le temps et les personnes présentes. Il faut se laisser aller et c’est une belle expérience. Il s’est dégagé quelque chose de fort. » Chris, 27 ans, le serveur du BooKKafé a aussi participé à l’impromptu : « C’était très perturbant, je ne m’attendais pas à ça. Je pensais que ce serait un spectacle où on entendrait les arbres faire des vannes sur les humains. Pas du tout, j’ai dû me retenir de pleurer. C’est vrai que j’ai déjà écrit trois mots sur une feuille de papier et puis après elle est partie à la poubelle. Alors aujourd’hui j’ai voulu demander pardon aux arbres. »
Nous utilisons des cookies pour optimiser notre site web et notre service.
Fonctionnel
Toujours activé
Le stockage ou l’accès technique est strictement nécessaire dans la finalité d’intérêt légitime de permettre l’utilisation d’un service spécifique explicitement demandé par l’abonné ou l’utilisateur, ou dans le seul but d’effectuer la transmission d’une communication sur un réseau de communications électroniques.
Préférences
Le stockage ou l’accès technique est nécessaire dans la finalité d’intérêt légitime de stocker des préférences qui ne sont pas demandées par l’abonné ou l’utilisateur.
Statistiques
Le stockage ou l’accès technique qui est utilisé exclusivement à des fins statistiques.Le stockage ou l’accès technique qui est utilisé exclusivement dans des finalités statistiques anonymes. En l’absence d’une assignation à comparaître, d’une conformité volontaire de la part de votre fournisseur d’accès à internet ou d’enregistrements supplémentaires provenant d’une tierce partie, les informations stockées ou extraites à cette seule fin ne peuvent généralement pas être utilisées pour vous identifier.
Marketing
Le stockage ou l’accès technique est nécessaire pour créer des profils d’utilisateurs afin d’envoyer des publicités, ou pour suivre l’utilisateur sur un site web ou sur plusieurs sites web ayant des finalités marketing similaires.