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Le bruit du silence et du reste

  • Somme

Ok, l’eau, ça peut faire plic et ça peut faire ploc. Mais ça fait quoi d’autre ? Et le vent ? Et si la grenouille saute dans la marre et que la barque tangue, on entend quoi quand on met un micro dans l’eau et qu’on s’arme d’écouteurs ?

Et si je ferme les yeux, confortablement installé et que je me laisse porter, quel voyage s’offre à moi ?

À moins que je ne me laisse conter quelques poèmes et histoires…

Tel était le programme proposé par TSIMzoom asbl. Plus exactement d’une part Anne Versailles, qui se définit comme poète, marcheuse, réalisatrice de petites œuvres mix-média, performeuse et pédagogue. Et d’autre part Geoffroy, photographe et accompagnateur de randonnées wilderness en montagne. « Cela fait 40 ans que nous partageons notre vie mais au niveau artistique, il m’accompagne quelques fois pour certains projets, » explique Anne Versailles.

Installée le long d’un étang péronnais, une dizaine de chaises longues accueille les promeneurs désireux de s’adonner à une sieste sonore.

Après avoir écouté le bruit de l’eau, des grenouilles, les poèmes et une médiation, Marie-Agnès, 59 ans, se lève de son transat’. Elle savoure et prolonge l’expérience en prenant des photos de fleurs d’eau. « C’est vraiment très sympatrique, confie-t-elle, en affichant un sourire béat. Tout comme les intervenants. Ils se mettent vraiment à la portée des gens. Je suis de Péronne. Samedi, je suis déjà allée les voir à la Cléry, et je suis revenue aujourd’hui. Ils transmettent de la poésie, de la musique, de la nature et j’aime ça. J’aime marcher seule dans la nature. Ce que propose cette installation est ciblé mais j’y suis sensible. »

Pendant ce temps, le jeune Mathieu a écouté un conte raconté et bruité par des enfants. En se levant de sa chaise, il a été interpellé par ce que pouvait bien fabriquer Anne Versailles. Accroupie dans l’herbe, elle avait installé des casques pour directement écouter les profondeurs de l’étang. Magique et incroyable. Tous deux ont joué à sonder, écouter, expérimenter pendant un petit moment. Anne Versailles a expliqué au jeune garçon comment procéder, notamment pour ne pas se faire mal aux oreilles en manipulant le micro, puis elle l’a laisser en autonomie pour aller chercher une autre invention de sa confection. Une sorte de canne à pêche micro. « Mais il faut que je la perfectionne, je n’en suis pas satisfaite… »

Cet événement est une l’initiative du PETR Cœur des Hauts-de-France. Et plus exactement de Julien Robiquet, coordinateur culturel. « J’ai été séduit par la démarche en tant que telle. L’originalité du projet, qui se prêtait bien au lieu. Ce territoire est traversé par l’eau, même si ça ne se voit pas forcément tout de suite. Je suis toujours partant pour accueillir des artistes. J’aime voir les gens prenant le temps d’être touristes chez eux. De faire une sieste en plein air. Et ça permet aux gens de se rencontrer. » En temps que « siesteur », Julien Robiquet a choisi de se laisser emporter par les bruits de la Laponie puis de l’eau. « C’était un beau moment de détente et de voyage imaginaire. Même si je n’y suis jamais allé. » Il faut dire qu’on y entend notamment des coups de tambours et des chants traditionnels envoûtants. Un vrai dépaysement.

« On était complètement dedans ! » s’écrient Andrée 78 ans et Chantal 76 ans, après avoir repris leurs esprits. « Le coin est agréable. On est d’ici mais souvent on passe devant sans y faire attention. Aujourd’hui, ça nous a fait une coupure dans notre quotidien. »

N’est-il pas là le véritable espoir ? Faire prendre conscience de l’importance de regarder, écouter et ressentir. D’être réellement présent à soi-même et au monde.


Texte et photos de Gaëlle MARTIN

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