Samedi 10 septembre, c’est un spectacle de jonglerie qui est annoncé à Laon, avec la Cie Circographie. Compagnie lilloise de jonglerie chorégraphique, créée en 2019, par Asaf Mar, autour du spectacle Entre Nœuds (création 2021). Les représentations de la compagnie, mêlent la jonglerie à différentes disciplines de danse et en particulier la danse contact et le partnering. Par le biais de ces spectacles, il a été mené une recherche approfondie sur le lien entre l’objet et le corps, et la jonglerie dansée en collectif.
Asaf précise – « Ce que nous recherchons, c’est une prolongation du corps par l’objet ».
Il explique aussi qu’il a souhaité s’entourer de « jongleurs qui pratiquent la danse ». Pour cette après-midi, Amélie Degrande et Timoté Grenier, sont venus le rejoindre pour interpréter des extraits de leur spectacle respectif.
Dans les impromptus, il y a très souvent de l’imprévu, à la fois pour les spectateurs, mais également pour les artistes.
Il était initialement prévu que l’impromptu se jouerait sur le parvis de la cathédrale de Laon. La pluie ayant fait son apparition, c’est au sein de la maison des arts et loisirs que tout le monde s’est réfugié.
Tandis qu’Amélie et Asaf invitent les spectateurs à quitter le hall d’entrée et à les suivre, pour découvrir, leurs représentations, Caroline Laporte, chargée de production de la compagnie, finie d’installer enceintes et son.
Une fois, petits et grands, installés à même le sol, Timoté entre et fait évoluer trois massues dans les airs. Beaucoup d’enfants sont venus assister au spectacle par cette après-midi pluvieux. La musique en harmonie avec les mouvements du corps de Timoté, emporte tout le monde.
Puis, entre Amélie, vêtue d’une robe fuchsia avec de grandes poches dans lesquelles finissent par retomber ses balles lorsqu’elles ne volent pas dans les airs. Mais, parfois, et pour la plus grande joie des plus jeunes, celles-ci finissent comme par magie sur le sol.
La joie est entrée dans la salle de la maison des arts et loisirs. Les éclats de rire font oublier le déluge qui frappe les vitres. Asaf, vêtu d’un costume de ville, à l’image d’un homme d’affaires, entreprend un numéro, lui aussi avec trois massues. On comprend rapidement qu’il s’agit d’une représentation du surmenage au travail qui se termine en burnout. Le corps de l’artiste en mouvement, occupe tout l’espace, tandis que ses objets de jonglerie s’élancent dans les hauteurs.
Puis, les trois artistes se retrouvent pour entamer un numéro improvisé, mêlant jonglage et danse.
C’est un tonnerre d’applaudissements ! Le trio salue avant de répondre aux nombreuses questions des spectateurs enthousiastes.
Marie, 73 ans, venue avec son amie Lucile : – « Je trouve que le jonglage s’est renouvelé. Ce n’est plus comme dans notre jeunesse. Ils utilisent la danse, la poésie, la musique. En plus, les artistes, ont l’air de beaucoup aimé ce qu’ils font ».
Pierre, habitant de Laon, avec un très large sourire, s’exprime lui aussi à la fin de la représentation :
– « Pour moi c’est l’association de la danse et de la jonglerie que je trouve assez inédite. Jusqu’à aujourd’hui, je n’avais jamais vu de spectacle de cette veine-là. Normalement les spectacles classiques de jonglerie s’apparentent uniquement à de la prouesse technique. Là, il y a un aspect chorégraphie, voir même parfois burlesque. Avec mon fils, nous avons beaucoup apprécié. En plus, la musique est très bien choisie. Il y a également un excellent travail des corps au sol mais, aussi en aérien. Je trouve que c’est d’abord un spectacle de danse plus que de jonglerie. C’est ce qui m’a plu dans chacune des trois interventions. C’est d’abord l’aspect dansé qui m’a séduit ».
Son fils Léo, 15 ans, renchéri – « Moi, je pensais que ce serait uniquement du jonglage, mais c’était plus que cela et c’est cela qui était bien ».
– « Moi, j’ai aimé TOUT ! » Dit Rose, 6 ans, dissimulée derrière sa maman, des étoiles plein les yeux.
Le caractère imprévu de cette après-midi, ayant décidé de s’affirmer un peu plus. Amélie, raconte à ses partenaires, qu’elle vient d’apprendre, que dans la cathédrale de Laon, est enterré, Joe Le jongleur. Au XIIIe siècle, Jo exerçait son art de la jonglerie, dans la région. La légende dit que « pour fêter Notre Dame, Jo, jonglait avec des boules de cuivre, décrivant des cercles de feu en s’élevant jusqu’au voûtes. Les moines scandalisés, l’entraînent hors de la chapelle, Mais Notre-Dame apparaît et remercie Jo pour ce spectacle ».
Une fois le spectacle terminé, c’est toute l’équipe de la Cie Circographie, qui se rends à l’intérieur de la cathédrale pour découvrir la dalle de la tombe de Jo Le Jongleur.
Pour les saisons à venir, la Cie Circographie, a deux projets en création :
– Au Café Des Nonchalants, création juin 2023 de Milàn Galy et Thibault Michel, duo burlesque, déjanté, absurde et nonchalant pour l’espace public.
Et
– Fractures, création octobre 2024 d’Asaf Mor, pièce chorégraphique pour six jongleurs-danseurs sur les thèmes de l’exclusion et de la pression sociale.
Texte et photos : Isabelle Serro