Sophie Maille et Louis Simoëns – – Vallois ont clos leur cycle d’ateliers sur le paysage par une séance de restitution au musée archéologique de l’Oise à Vendeuil-Caply. Leur volonté ? Que le public redécouvre, par le biais des cinq sens, le paysage qui les entoure.
Cet ultime impromptu a débuté comme les neuf autres, avec la même question : qu’est-ce qu’un paysage ? Réponse du tac au tac de Véronique, qui a assisté durant l’été à quatre ateliers imaginés par le duo de paysagiste Sophie Maille et Louis Simoëns – – Vallois : « Un paysage c’est tout ce qui est autour de nous. Tout ce qui est perçu par quelqu’un. » Le paysage est partout, où que l’on pose nos yeux. Qu’il soit entièrement naturel, vierge de toute intervention humaine, ou façonné par-ci par-là par les mains des urbanistes, architectes ou paysagistes.
À celles et ceux qui pourraient trouver le paysage picard répétitif, avec ses vastes champs de cultures, ponctués par de géantes éoliennes, ces ateliers ont permis de redécouvrir cet environnement devenu si habituel qu’on l’oublierait presque. Alors en l’observant, on en débusque les subtilités et spécificités, tout en emmagasinant des savoirs distillés par les paysagistes : comment reconnaître une zone humide, quelles végétaux pour quels types de sols, quelles essences d’arbres peuplent le territoire, y-a-t-il des espèces comestibles, comment le paysage a-t-il évolué ces dernières décennies ? « Même si je connais plutôt bien le secteur, j’ai bien aimé le découvrir d’une nouvelle manière. Cela m’a aussi permis d’apprendre que certains projets avaient été menés à bien, nous n’avions pas forcément eu les informations en sortant des confinements », explique Véronique.
Sophie Maille, Louis Simoëns – – Vallois et les curieux venus participer aux ateliers (une soixantaine de personnes) ont donc arpenté les chemins alentours du musée archéologique de l’Oise, mais aussi la zone humide de Breteuil ou encore la coulée verte de Catheux, des territoire tous situés sur la Communauté de commune de l’Oise Picarde. « Tout s’est très bien coordonné. Quand on m’a proposé d’épauler les ateliers j’ai sauté sur l’occasion », s’enthousiasme Valérie Kozlowski, conservatrice en chef et directrice du musée de Vendeuil-Caply. « D’autant que ce programme s’insère parfaitement dans le projet de la comm’ de com’ dont un des actes est relatif au paysage », poursuit-elle. En effet, la communauté de communes espère obtenir prochainement la labellisation pays d’art et d’histoire, un label accordé aux communes qui s’engagent dans une politique d’animation et de valorisation de leurs patrimoines bâti, naturel et industriel, ainsi que de l’architecture.
C’est au milieu des tirages de Martin Becka, photographe en résidence, développés à la chambre photographique (dans le même esprit que les photographes Romain Cavallin et Matthieu Cauchy qui ont eux-aussi arpenté l’Oise pendant l’été) que les paysagistes ont imaginé ce temps de restitution. Sur une large table, trônent cartes, vues aériennes du paysage, herbiers, terre et boîte de carton renfermant des odeurs végétales. Autant de témoins de leurs activités estivales. « Nous sommes ravis car nous avons rencontré un public très varié », raconte Sophie Maille. « Lorsque nous sommes en agence nous sommes beaucoup dans la conception, dans un milieu clos, derrière notre ordinateur. Ces moments-là sont de véritables moments de partage, de retour sur le terrain. C’est intéressant de revenir à cette échelle là. »
Un seul regret peut-être pour Louis Simoëns – – Vallois, ne pas avoir pu évoquer le paysage avec des agriculteurs, pourtant figures emblématiques de ce coin de Picardie. De quoi alimenter les réflexions pour une future résidence qui est déjà dans l’esprit des paysagistes, qui ont d’ailleurs créé un compte Instragram pour y documenter leur expérience « On a envie de continuer à faire ce type d’interventions. Pourquoi pas en mobilisant les coopératives ou les chambres d’agriculture. Ouvrir encore davantage aux lycées agricoles. Les idées ne manquent pas ! », conclut le paysagiste.
Rendez-vous en 2022 ?
Texte et photos par Clémence Leleu