Aller au contenu

En selle avec Papi Raymond !

À quelques semaines de la fin du Tour de France et en plein dans les Jeux olympiques, la compagnie Uni Vers a offert aux usagers du centre social de Presles à Soissons un spectacle « jeune public pour grands enfants » avec un sacré coup de pédale.

Une vingtaine de chaises, une table recouvertes de boîtes et papiers en tous genres, un mégaphone, de lourds rideaux tentant de retenir au dehors les plus de 30 degrés qu’affiche le thermomètre, un vélo de course paré d’un gros nœud rouge, un comédien, Artiseo affublé d’une perruque et d’une barbe blanche et une comédienne, Judith, le visage encadré de deux couettes et un morceau de réglisse dans la main. Voilà pour le décor.

Le public maintenant : une vingtaine de mères de famille, toutes habitantes du quartier de Presles et usagères, avec leurs enfants, du centre social niché au milieu des immeubles. Les tenues sont colorées, les visages souriants et les enfants excités à l’idée de venir assister à un spectacle.

« C’est le Père Noël ? », demande un petit bonhomme à sa mère alors qu’il vient juste d’apercevoir Aristeo appuyé contre le mur au fond de la salle. Tout le monde rit mais l’enfant n’a pas tout à fait tort.  Ce n’est pas exactement le Père Noël qui aurait quitté sa demeure givrée pour rejoindre Soissons, mais une de ses précieuses petites mains qui l’aide dans la distribution des cadeaux. Et ce monsieur a un nom : Raymond Corperdu.

Sauf qu’avant de devenir un allié du Père Noël, Raymond Corperdu était coureur cycliste. Enfin, au début, il était ouvrier agricole, et puis il a découvert le vélo et comment ce destrier peut lui permettre de gagner sa liberté. Ce fameux Raymond a même participé le premier Tour de France, en 1903. Une expérience qu’il va raconter, pendant un peu plus de 30 minutes, à sa petite fille.

Un spectacle, intitulé Amateurs ! qui plonge le spectacteur au début du siècle, Aristeo prenant les contours du grand-père – ouvrier agricole – coureur cicyliste et Judith celles de la petite fille, de la journaliste sportive, de la tenancière d’une auberge ou d’un contrôleur du Tour. Grâce à leur jeu drôle mais subtil ainsi qu’aux références distillées çà et là, on imagine les épreuves de montagne, les longues routes, on apprend les erreurs de parcours, l’alcool qui aide à tenir le rythme, on découvre la triche avec les trajets effectués parfois en transport. Le vélo pourtant immobile semble avaler les kilomètres et la bruine s’échappant d’un brumisateur nous envoie en Bretagne.

« C’était trop bien et c’était super drôle ! » Eliott, 7 ans.

Les enfants s’amusent des chutes de papi Raymond, des sprints, des pneus qui ressemblent à des cerveaux de hula-hoop et des cris qui s’échappent du porte-voix, et les parents suivent, ravis. « C’était trop bien et c’était super drôle ! », s’enthousiasme Eliott 7 ans. Sa mère, Caroline a également été emballée « Les enfants ont beaucoup ri, il faut dire que c’était vraiment rigolo. » Zoé 11 ans, occupe son été en faisant des bracelets, des colliers et des dessins. Venir voir ce spectacle lui a plu, « ça change », glisse-t-elle, avant de raconter qu’elle a adoré voir le comédien tomber, glisser, « il fait super bien semblant d’avoir mal ! »

« J’ai aimé leurs efforts, leurs mouvements, l’histoire m’a plu aussi, j’ai eu l’impression d’apprendre des choses », Bouchra

Si Raymond Corperdu n’a jamais existé, il est pourtant la synthèse de différents cyclistes ayant eux, bien vécu, et traverse des situations qui ont réellement eu lieu. « Tout est historiquement exact, nous avons beaucoup lu de bouquins, avons parcouru Gallica et un de nos amis qui est coureur semi-professionnel et doctorant du sport nous a prêté main forte », raconte Judith à la fin de la prestation. Une histoire qui a emballé Bouchra, venue avec ses deux enfants, « J’ai aimé leurs efforts, leurs mouvements, l’histoire m’a plu aussi, j’ai eu l’impression d’apprendre des choses et j’ai été prise dedans même si je ne suis pas du tout le vélo au quotidien. » « C’était rigolo, surtout le vélo », complète Youssouf, son fils de 7 ans, à qui le vélo de course vintage sur lequel grimpe le comédien ne lui rappelle pas du tout son VTT.

« Grâce à ce spectacle, nous rencontrons plein de publics différents et c’est important pour nous. Et puis finalement, nous sommes un peu comme le Tour de France, notre itinérance nous permets d’aller au pied de chez les gens. », glisse Aristeo. Une itinérance qui se poursuivra après l’été puisque la compagnie Uni Vers organise le festival Les oiseaux évaporés, dans l’Aisne, les week-ends de septembre, où sera présenté Amateurs ! Bonne route !

Textes et photos : Clémence Leleu

Étiquettes:

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *