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Méta-Vert, l’Amour pour seule électricité

  • Somme

« Un voyage de mille lieues commence toujours par un pas – Lao Tseu »

Un samedi matin comme les autres, en plein mois d’août, sur le marché de la ville de Péronne, le soleil caresse les épaules nues et les badauds sourient. Et si on leur donnait la parole, que diraient-ils ? Si on incitait les plus timides à écrire des petits messages pour que ces derniers soient lus par Émilie Guil, comédienne, assistée de Jean-Benoît Beauchant, contre-bassiste, de la Compagnie les Bourgeois de Kiev ? Et si, cerise sur le gâteau, toute cette opération d’expression et de communication ne requérait aucune énergie artificielle ? Si ce n’était aucunement polluant ?

Car oui, même si nous n’en avons pas forcément conscience, à chaque fois que nous avons une activité virtuelle, nous émettons réellement du dioxyde de carbone. En 2015, l’empreinte carbone d’internet était équivalente à celle du trafic aérien. Et la part du géant Google était de 40 %.

Ça ne fait pas rire les oiseaux et ça tue les abeilles.

Mais heureusement il y a désormais « Méta-Vert ». Son mode d’emploi est simple. Sur un petit bout de papier, on écrit un message, on le glisse ensuite dans la boîte prévue à cet effet et ce message et ensuite lu, scandé, avec emphase et sourire, par Émilie Guil. Cette dernière arbore joliment une robe fleurie de tournesols et le contre-bassiste est de vert vêtu.

« J’aime à la folie et pour la vie ma petite pépette d’amour ! » message d’une mère à sa fille. L’adolescente est un peu rougissante face à cette déclaration publique mais c’est du bel émoi qui rend béat.

Nombreux sont les passants à s’être prêté au jeu et ont écrit une citation ou encore souhaité « bonheur et santé à tous », « une belle journée ». Certains, confondus et intimidés, ont tout d’abord refusé l’invitation du carnet tendu, puis après quelques minutes, ont changé d’avis. Le temps que l’effet de surprise se passe et que le message qu’ils souhaitaient adresser à l’Univers leur parvienne.

« Partageons, pensons à notre pays en développement », « Soyons unis », « Écho, écho, répondit l’écho », « Sous la pluie, je plie et je ploie, signé Odile ».

« Méta-Vert » interprète également des chansons en live. L’instrument n’est pas électrifié et le chant est amplifié via un porte-voix. Ainsi se jouent « Come as you are », de Nirvana, « Fever » notamment d’Elvis, « la Lambada », etc. Autre fonction de « Méta-vert », la traduction simultanée. Ainsi, a-t-on pu jouir de la version bilingue de « Via con me – It’s wonderful » de Paolo Conte.

« L’idée de ce spectacle est de prendre à revers les réseaux sociaux, de leur faire un pied de nez, » explique Thomas Le Gloannec, de la Compagnie les Bourgeois de Kiev. « C’est le concept du crieur public. C’est sans électricité et sans lithium. Pour montrer aux gens que l’on peut communiquer simplement sans énergie. »

Verdict direct de la foule : « Ce genre d’animations devrait être obligatoire tous les samedis sur le marché ».


Texte et photos : Gaëlle MARTIN

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