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Une pause baroque entre bottes de paille et démonstration de country

À Petite-Forêt, l’ensemble Le stagioni fait résonner Haendel au cœur des Folies d’été. Vendredi 18 juillet 2025, au parc Nelson Mandela à Petite-Forêt (Nord), les impromptus de Plaines d’Été ont pris des airs de décalage poétique, entre ambiance country et trio baroque en plein soleil.

Un contraste inattendu

Il est un peu plus de 15h, le soleil tape généreusement sur le parc Nelson Mandela, en bordure de la ville de Petite-Forêt. Ce jour-là, la municipalité organise les Folies d’Été, un rendez-vous estival pensé comme un relais des anciens Quartiers d’été. Jeux pour enfants, animations sportives, labyrinthe de bottes de paille… et démonstration de danse country viennent rythmer la journée.

Trois musiciens en costumes pailletés, et collerette, instruments anciens, attendent à l’ombre, face au labyrinthe de paille, tout près d’un parc de jeux. Ce sont les artistes de l’ensemble Le Stagioni, programmés dans le cadre de Plaines d’été, programmation portée par la DRAC Hauts-de-France.

« Le programme s’intitule Haendel en folie », explique Paolo Zanzu, claveciniste italien, fondateur de l’ensemble et résident en France depuis plus de vingt ans. « C’est un petit concert d’une trentaine de minutes, avec des extraits de cantates ou d’opéras de Haendel, chantés par Laura Muller, notre mezzo-soprano, accompagnée par Tiam Goudarzi à la flûte à bec et moi-même à l’épinette. »

L’animateur du jour annonce au micro la suite des réjouissances : « Et maintenant, place au chant baroque ! Ensuite, retour de la country… et distribution de gâteaux. »

Une demi-heure suspendue

Le trio interprète Haendel, mais aussi Scarlatti et Coeli. Entre les morceaux, Paolo Zanzu s’adresse au public, raconte les œuvres, leurs origines, et la singularité des instruments. L’ambiance est intime, attentive.

« C’est aussi l’un des objectifs du projet : faire découvrir la musique baroque dans des lieux qui n’ont pas vocation à accueillir ce genre d’événement », précise le musicien. « On voyage autour de Valenciennes, Boulogne-sur-Mer, Maubeuge… Et on s’adapte à chaque lieu. »

Quelques spectateurs s’approchent doucement, s’installent dans l’herbe ou sur des chaises en plastique. Un petit garçon, ému par le chant, cueille une fleur et l’offre discrètement à la chanteuse. Sa mère, à la fin, viendra la remercier avec chaleur :

« Votre voix, on l’entendait plus fort que les instruments. C’était vraiment puissant. Une très belle découverte. » Avant d’ajouter, curieuse : « Et cette flûte à bec ! Je redécouvre cet instrument sous un autre jour. Merci beaucoup ! » 

Du partage, partout

Le matin même, les artistes s’étaient déjà produits à Petite-Forêt, cette fois devant des enfants du centre aéré. Là encore, l’échange avait été central. « Ils avaient envie de participer, de parler, de poser des questions », se souvient Paolo Zanzu. « On leur a même proposé d’essayer l’épinette. Certains nous demandaient comment étaient fabriqués les instruments, si c’était des pianos, pourquoi on avait choisi ces métiers… »

Chaque intervention donne lieu à des ajustements, des improvisations : « parfois on joue tout le programme, parfois on fait davantage de dialogue. On s’adapte. »

À Petite-Forêt, le pari semble réussi. À la fin du concert, les spectateurs échangent avec les artistes, posent des questions : « Où allez-vous ensuite ? », « Vous jouez dans des hôpitaux ? », « Vous jouez souvent dans des endroits insolites comme celui-ci ? » Les regards sont brillants, les sourires sincères. « Pour nous, ce sont des instants précieux », conclut Paolo Zanzu. « De vrais moments de partage, simples et profonds. »

Présente dans le public, la maire de la commune se réjouit de la venue des artistes. « C’est un dispositif qui nous a plus, et qui permet de faire découvrir autre chose aux habitants. »

Après la représentation, l’ensemble reprend la route vers Boulogne-sur-Mer, pour une nouvelle étape de leur tournée estivale avec Plaines d’été… et d’autres parenthèses inattendues.

Texte et photos : Sidonie Hadoux

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