La Compagnie Protéo fait partie de la quarantaine de compagnies soutenues par la Direction régionale des affaires culturelles de la région Hauts-de-France (Drac) dans le cadre du dispositif Plaines d’été. La comédienne Camille Dupond revient sur les représentations du spectacle Hedda, que la metteure en scène Louise Wailly présente comme un spectacle de clown punk. La dernière date a lieu ce samedi 26 février au In/Out à Lille.
Où avez-vous joué le spectacle durant Plaines d’été ?
Comme Hedda est un spectacle sur l’alcool, l’idée de départ était de pouvoir le jouer dans des bars, et aussi dans des petits lieux. Finalement, nous avons fait sept dates en tout pour l’instant, dans un café à Dunkerque, une grange chez des particuliers à Herzelle, des festivals (Just For You’rte à Ruminghem, Le Petit Wood à Sémeries), un centre social (Espace Fort à Calais), des ateliers d’artistes (Chez Rita à Roubaix), un centre culturel (L’Escapade à Hénin-Beaumont) et il nous reste encore une dernière date à Lille, le 26 février au In/Out à Lille.
La crise sanitaire a-t-elle impacté ces dates ?
Déjà, Hedda est un spectacle que nous prévoyions pour 2020 et il n’a pu se réaliser qu’en 2021 à cause de la crise sanitaire et de tous les lieux fermés. Sinon, deux dates ont été annulées cette année, dans le festival d’été organisé par le Théâtre de l’ordinaire à Vieille-Eglise et au Café Les Sarrazins à Lille. Cette dernière date nous avons dû l’annuler le matin même car nous étions en plein pic épidémique et cela devenait trop risqué de la maintenir. J’étais très triste évidemment car cela nous aurons donné l’occasion de jouer dans un café. Donc, oui, la crise sanitaire a pesé sur la diffusion du spectacle. Et même sur la date au In/out, qui devait avoir lieu en janvier dernier… Mais j’ai eu moi-même le covid donc il a fallu la reporter.
Vous avez pu jouer dans une grande diversité de lieux.
Nous étions dans cette idée de ramener du théâtre dans des lieux qui ne sont pas des lieux de théâtre, et de toucher des publics qui ne s’attendaient pas à voir ce type de spectacle. Tous les lieux où nous avons joué avaient leurs spécificités. Ce qui a été très chouette, cela a été de jouer dans une grange chez des particuliers, un couple de personnes de plus de 80 ans. Ils ont cette grange chez eux et l’ont aménagée. De temps en temps, ils accueillent des concerts. Là, c’est leur petite-fille qui nous a fait venir et nous avons fait le spectacle pour une vingtaine de personnes, des amis à eux. C’était vraiment super comme ambiance.
Y a-t-il d’autres dates qui vous ont marquées ?
J’ai beaucoup aimé aussi jouer Chez Rita. Nous attendions trente personnes et il y en a eu une petite centaine. Du coup, cela nous a motivés et avec Simon Hopin-Vena, le musicien du spectacle, nous avons fait plein d’improvisations. Hedda dure d’habitude environ une heure et là, le spectacle a fait 1h15. Le festival Le Petit Wood a été particulier aussi. C’est un festival de musique donc personne ne nous y attendait et nous avons joué au milieu du public. Globalement, sur toutes les dates, nous nous en sommes toujours bien sortis.
Pourtant ce spectacle se joue à proximité du public. Ce qui peut être difficile parfois.
Pour jouer Hedda, il n’y a pas d’espace entre nous, les comédiens, et le public. Cela nous pousse à faire intervenir le public et à gérer l’ambiance, parfois festive, des représentations. Cela crée un danger… et surtout une convivialité. Car je commence à interpeller les spectateurs. Ils participent complètement à mon ivresse et à ma chute. Même si je ne bois que de l’eau dans le spectacle évidemment.
Cette proximité s’est retrouvée aussi après les représentations.
Hedda est un spectacle qui ouvre le débat sur l’alcool, plutôt que de dénoncer l’alcoolisme. Il pose des questions : Pourquoi boit-on ? Pourquoi boit-on autant ? Cette réflexion sur la place de l’alcool dans nos vies a souvent le point de départ des discussions que nous avons eu avec le public après les représentations. Le spectacle a planté une petite graine de réflexion sur l’alcool et nous avons continué à en discuter après. Ce spectacle peut d’ailleurs provoquer un certain malaise : il montre comment un état joyeux, euphorique peut se transformer en dégringolade, comment l’alcool peut provoquer l’addiction et devenir une drogue dure.
Que vous a permis le dispositif Plaines d’été ?
Les discussions d’après spectacle nous ont permis de rencontrer des personnes qui ne n’ont pas forcément l’habitude du théâtre. C’est vraiment l’intérêt du dispositif Plaines d’été, d’aller vers ce public éloigné du spectacle vivant. C’est pour cela que nous voulions jouer Hedda dans des cafés et dans plein de lieux différents. J’ai trouvé ça fantastique de sortir des théâtres et d’aller dans ces lieux où se crée un rapport plus simple et plus direct avec les spectateurs. Plaines d’été nous a permis également d’expérimenter et d’améliorer le spectacle. Sur la dizaine de dates, nous avons fait des improvisations, en gardant au fur et à mesure les bons moments et en enlevant ce qui fonctionnait moins bien. A la demande de Louise Wailly, la metteure en scène, je changeais des petites choses à chaque représentation, comme un challenge. Et je voyais les réactions des spectateurs en direct, en étant à un mètre d’eux.
Le spectacle va-t-il avoir une suite après Plaines d’été ?
Oui, bien sûr, l’aventure Hedda continue. Nous allons remanier le spectacle pour le jouer également dans des théâtres. A la rentrée, nous serons au Théâtre Massenet (21 et 22 septembre), puis au Théâtre de la Verrière (7 octobre). Nous prévoyons aussi de sortir un CD avec toutes les chansons que nous avons écrites, avec Simon, pour le spectacle.
Interview par Olivier Pernot
>>> La dernière représentation du spectacle Hedda a lieu ce samedi 26 février au In/Out à Lille.