PLAINES D’ÉTÉ – Orange Dream – 23 novembre – Wavrechain-sous-Denain
« Nous devions faire dix concerts mais avec le budget de Plaines d’été, comme nous ne sommes que deux, nous avons décidé d’en faire plus car… c’est chouette ! ». Mélissa Vanauberg, moitié du duo Orange Dream, déborde d’enthousiasme. Aujourd’hui, mercredi 23 novembre, le groupe s’installe dans la médiathèque de Wavrechain-sous-Denain pour donner un concert d’une trentaine de minutes. Les deux musiciens sont tout heureux : la veille au soir, ils jouaient à L’international, petite salle parisienne, et ils ont d’ailleurs encore un pass « Artiste » rose enroulé autour de leurs poignets. Depuis le début de l’été, pour Plaines d’été, Orange Dream a joué dans plusieurs endroits aux ambiances bien différentes. Mélissa Vanauberg et Guillaume Potier racontent : « Nous avons notamment donné un concert à la piscine art-déco de Bruay-la-Buissière, pendant que les gens se baignaient, et un autre au HangArt Créatif à Lille, sur un toit végétalisé, pendant la pause déjeuner de midi. Ou encore, un soir, dans un jardin à côté de l’église de Leschelle. » Le duo se souvient aussi de concerts dans un EHPAD à côté de Château-Thierry, à la médiathèque de Saint-Omer ou sur un marché aux carottes dans la région de Thiérache. Les deux musiciens concluent : « Nous essayons toujours de nous amuser ! »
Il est 15h30, le concert va commencer. Lui est très smart avec son jean noir, ses boots en cuir, son pull à col roulé noir et sa veste sombre imprimée de roses rouges. Il est assis et sa guitare Fender Telecaster repose sur une de ses jambes. Cette guitare est branchée sur un petit ampli Music Man d’où sortira un son soyeux. Elle est tout aussi élégante dans une longue robe cintrée, beige et à boutons. Aux poignets, des bracelets colorés, et au doigt, une belle bague. Sa coupe de cheveux mi-longs, avec des longues pointes roses, lui donne un air sixties. Avant de démarrer, Mélissa Vanauberg prévient les spectateurs : « D’habitude je joue de la batterie debout. Là, ce sera un concert semi-acoustique. Nous allons revenir à l’essentiel de nos chansons, dans des versions très minimalistes. » Pour compenser l’absence de sa batterie, la chanteuse utilise pendant tout le concert plusieurs petites percussions qui se marient parfaitement avec les riffs de guitare. La chanteuse se réjouit aussi d’avoir cette proximité avec les spectateurs, de les voir et de pouvoir leur jouer les morceaux du groupe.
L’audience, d’une douzaine de personnes installées entre les rayonnages des livres, est à l’écoute, concentrée. Le public de ce mini-concert réunit d’ailleurs adultes, adolescents et enfants. Pour donner encore plus de couleurs à sa prestation, les deux musiciens ont installé une petite décoration d’arbres fleurs orange et rose. Cela plonge les spectateurs dans l’univers d’Orange Dream. Mélissa Vanauberg chante en anglais, avec un côté très sixties dans sa voix. Elle module les graves et les aigus, elle joue avec sa voix. Parfois, elle singe Mick Jagger, le chanteur des Rolling Stones, quand elle se met à onduler sur place, toute droite derrière son pied de micro. Elle boxe l’air aussi avec ses poings tenant des percussions en forme d’œufs. Elle est très expressive avec son corps, sa voix et avec les percussions qu’elle agite ou qui sont accrochées à ses poignets. Lui est assis, impassible. Son jeu de guitare est délicat, simple et rythmique. Les sons qu’il tire de son instrument sont envoûtants. Il oscille entre folk électrique aux sonorités claires et blues plus grave et plus profond.
À la fin du concert, une discussion s’engage entre les deux musiciens et les spectateurs. La chanteuse explique que la musique du groupe est d’habitude davantage psychédélique mais que dans la configuration du jour, c’est du « rock chuchoté ». Elle continue : « Sans batterie, c’est une véritable mise à nu. Normalement, nous avons un côté tribal avec les sons de la caisse claire. Et puis, c’est impressionnant de vous voir en plein jour, de si près ». Une spectatrice se lance et demande de quoi parlent les chansons. Mélissa Vanauberg répond en souriant : « Dans les chansons, je raconte ma vie personnelle. Ou plutôt, je me base sur nos vies à nous deux. C’est pour ça que j’ai choisi l’anglais pour les écrire. Cela me permet de me cacher et aussi car les sonorités anglaises sont plus fluides. Mais nous avons quelques titres qui arrivent en français ! ». Les deux musiciens parlent ensuite de la création du groupe, en 2017, avec seulement « cinq concerts par an » à cette époque, et du vrai décollage du duo, « après la période du covid » : « nous faisons maintenant une trentaine de concerts chaque année. Aujourd’hui, c’est particulier car nous sommes originaires de Valenciennes et Estreux, et nous n’avons jamais joué aussi près de chez nous. » Un autre spectateur demande finalement quel est le style de musique d’Orange Dream. Ce à quoi la chanteuse répond : « Nous avons des riffs de guitare qui se répètent comme dans le psychédélisme et ce côté tribal de la batterie. Je dirais donc « rock pop psyché tribal ». « C’est original » dit spontanément une spectatrice.
Après la demi-heure de concert, les spectateurs sont ravis. Comme Sylvie, 42 ans, habitant à Denain : « C’était très bien ce concert. Je voulais faire découvrir le groupe à ma fille, Maria, qui a 3 ans, et elle a bien aimé. J’écoute plein de musiques différentes et j’essaie d’aller voir beaucoup de petits concerts. Comme aujourd’hui. » Isabelle et Sylvie, deux amies d’une cinquantaine d’années, étaient aussi présentes à la médiathèque et elles ont apprécié le concert. « Cette médiathèque, c’est ma deuxième maison, je viens tout le temps », confesse Sylvie. « J’aime beaucoup la musique, alors, avec Isabelle, nous sommes venues voir, nous sommes curieuses. Elle est rigolote cette chanteuse, on dirait une enfant. » Isabelle complète : « J’aime bien écouter des petits groupes et j’aime la guitare électrique. C’était parfait. Cette chanteuse, c’est un spectacle à elle toute seule. Elle vit complètement sa musique. » Plusieurs adolescents ont également assisté au concert. Malgré leur timidité, ils donnent finalement leurs impressions. Adhane a 12 ans. Elle est enchantée : « Ouais, c’était bien. Ce n’est pas tellement le genre de musique que j’écoute : je suis plus dans le rap. Mais j’ai aimé la façon dont elle chante et lui comment il joue sans regarder les cordes de sa guitare. » Jean-Claude, 14 ans, est tout aussi surpris : « Ce n’est pas notre époque ce genre de musique mais c’était bien. Ça m’a permis de découvrir une nouvelle musique. Je suis venu spécialement au concert, pour voir. J’ai aimé l’ambiance qu’ils mettent, c’est beau. »
Texte : Olivier Pernot
Photos © Olivier Pernot