Les œuvres littéraires, on adore et on y est attaché. Sans doute en partie parce que l’on préfère toujours ce que l’on connait déjà. Mais aussi parce qu’on y trouve des choses truculentes. Des formulations de phrases savoureusement surannées, des histoires inouïes et le témoignage d’autres époques. Oui mais voilà, d’autres époques, justement. Et aujourd’hui, on a beau adorer Shakespeare et Molière, les mœurs ont heureusement évolué et certaines scènes font tiquer. Pour autant, faut-il jeter Molière avec l’eau du bain ?
Sur cette base de réflexion, la compagnie l’Éventuel Hérisson bleu a imaginé, avec le spectacle Molière Summer, un Molière éternellement vivant. Celui-ci a traversé les siècles. Sa coiffure mode Louis XIV fait aujourd’hui sourire mais à la belle époque du glam-rock, il a dû faire un malheur ! Dans sa roulotte des temps modernes, lui et sa petite troupe de comédien·nes se sont lancé·es dans une tournée de dates, financées par le dispositif Plaines d’été de la DRAC Hauts-de-France.
Samedi 31 août 2024, la roulotte a atterri en plein milieu de la pelouse des Esserres, à Lavacquerie (60). Après une courte présentation, Molière est venu s’installer avec le public pour assister à un petit florilège des célèbres pièces de l’auteur. Le tout ne devait pas dépasser 45 minutes, c’est-à-dire deux bougies. Un beau moment où le public a pu rire, s’émouvoir, se lover dans la belle énergie fraîche et bienveillante de la troupe. Les dernières minutes de la représentation ont été consacrées à un échange de souvenirs et de réflexions sur Molière.
« C’était super ! Vraiment très frais, ça passe vite, a exprimé Cécile, 49 ans. C’est très rigolo. Je pense que c’est pas pour les enfants (ces derniers ont cependant beaucoup ri). C’est un beau spectacle, marrant et inclusif. »
« C’était trop bien ! s’écrit Gaston, 4 ans.
– Et tu as tout compris ?
– Oui. »
Ce projet Molière a débuté il y a 5 ans. « On a un collectif où chacun fait ses spectacles, exprime Lou Chrétien-Février, actrice. On avait envie de se rassembler autour d’un projet commun qui durerait 10 ans. On voulait faire une pièce entière, les Fourberies de Scapin, mais ça résistait et Molière aussi résistait. Molière est à la fois périmé et il y a des choses qu’on adore alors on a choisi cette formule. Il y a une ambivalence. On aime faire sentir le plaisir de jeu que ça amène. Molière est très agréable à jouer pour les acteurs. Nous allons encore fignoler des trucs. Les gens des Esserres sont adorables et c’est un super cadre. » Les héro·ïnes du jour ayant un programme chargé, iels sont monté·es à bord de la Molière-mobile immatriculée JB-1673-PQ pour rouler vers d’autres aventures. Et c’est bien pour cela que votre fille est muette.
Texte et photos : © Gaëlle Martin