Alors qu’une petite dizaine de personnes est en train de chercher une bonne affaire au milieu de la vaisselle entreposée sur de longues tables au milieu de la cour intérieure du Emmaüs d’Erquery, quatre personnes font irruption sur la petite scène construite en bois et palettes.
Julie, Gwendoline, Jenju et Thomas, tous les quatre chanteurs d’opéra, et membres du Chœur de chambre Septentrion ouvrent alors leurs partitions, et après une brève introduction, se lancent dans un premier morceau, a capella. Les compagnons qui étaient en train de manoeuvrer leurs chariots s’interrompent instantanément, tout comme les chineurs, qui reposent verres et assiettes devant eux.
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Il faut dire que ce n’est pas tous les jours qu’un quatuor vient chanter, au cours d’une représentation gratuite, un répertoire mêlant titres classiques et contemporains, en plein milieu du plateau picard. Les chansons s’enchaînent et au fil du concert, les flâneurs s’arrêtent quelques instants devant la scène lorsqu’un titre retient leur attention, quand les plus passionnés s’installent sur des transats ou restent immobiles devant la scène, happés par l’ambiance apaisante des artistes.
Après le classique Brahms, et quelques comptines, leur succèdent l’incontournable chant résistant italien Bella Ciao, ou Carmen de Stromae où les notes du célèbre opéra de Bizet composent la mélodie.
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« J’ai vu l’annonce sur le journal, et comme je n’allais pas très bien je suis venue, pour m’apaiser. Et ça a marché. La musique, c’est une vraie bouffée d’oxygène. » confie Françoise, retraitée, plus familière de chanson française que d’opéra, mais qui s’est laissée porté pendant les 45 minutes de concert.
Béatrice et Laurence, deux soeurs, sont quant à elles ravies de voir la culture dans des lieux où les gens n’y ont pas forcément facilement accès. « C’est très bien d’aller chercher le public là où il est ! »
Beau succès aussi auprès des quelques compagnons qui ont pu assister à la représentation, même si le côté a capella a pu décontenancer : « J’ai bien aimé mais je n’ai pas du tout l’habitude d’écouter des chansons sans musique », confie Aziz. « Avec un petit air en plus ça aurait été parfait ! Mais en même temps ça fait du bien d’entendre autre chose » poursuit-il.
Pour Amadou Ba, responsable du site, la venue du chœur de chambre Septentrion entre les murs de la communauté d’Emmaüs est une excellente initiative. « Le confinement et le retour à cette vie encore pas encore revenue à la normale, ont été très difficiles pour les compagnons, qui vivent ici à l’année. On avait besoin d’un moment comme ça. » Seul regret : que tous les compagnons n’aient pas pu assister au spectacle, le samedi étant un jour particulièrement chargé « certains nous ont demander de filmer pour pouvoir regarder après, ils voulaient voir à quoi ça ressemblait. C’est rare de ne pas avoir besoin de se déplacer pour avoir accès à la culture, même si on organise parfois au cours de l’année des petits concerts, ça reste exceptionnel, alors ça fait du bien. »
Un concert que les quatre artistes ont également savouré. « Il y avait peu de monde, mais c’était un public attentif et à l’écoute. Ce sont toujours des petites graines de semées, et c’est ça le plus important », conclu Gwendoline.
© Clémence Leleu © Clémence Leleu © Clémence Leleu © Clémence Leleu
Pour en savoir un peu plus sur la compagnie : Le Chœur de chambre Septentrion est une toute jeune compagnie, fondée en mai 2020. Leur volonté ? Faire tomber les frontières entre l’univers du classique et les musiques populaires, en démontrant l’existence de liens et de passerelles entre les deux. Cette compagnie permettra aussi à ses membres de rayonner sur le territoire des Hauts-de-France, particulièrement dans le bassin manier, aux alentours de Lens, où elle sera en résidence artistique à l’automne.
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Toutes les informations concernant leurs différents travaux et leurs futures représentations sont à retrouver sur leur site internet ou leur page Facebook.
Clémence Leleu