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La parole féministe dans la rue

PLAINES D’ÉTÉ – Puissantes19 septembre – Douai

Avec leur projet Puissantes, Juliette Galamez et ClaraOlive Gallego de la Compagnie de la Minuscule Mécanique proposent des lectures et des chants féministes pour des publics variés, des enfants aux retraités. Le jeudi 19 septembre, les deux artistes investissaient l’espace public en donnant leur impromptu par petites bribes directement dans la rue auprès des passants.

Pendant Plaines d’été, la comédienne Juliette Galamez et la chanteuse ClaraOlive Gallego ont décliné leur projet Puissantes de différentes manières : un spectacle pour les adultes, une version pour les enfants et des interventions en extérieur. Le jeudi 19 septembre, c’est la première fois que les deux artistes testent ce projet dans la rue. Plus précisément sur la Place Carnot à Douai. Rendez-vous est pris à midi pour les accompagner dans leur aventure artistique. L’objectif : aborder des passants pour leur lire un texte et leur chanter une chanson. Les textes sont tirés du livre Je transporte des explosifs, on les appelle des mots : Poésie & féminismes aux États-Unis, et les chansons évoquent, elles aussi, le féminisme. Ces interventions de quelques minutes vont se reproduire plusieurs fois, avec « l’envie de créer une proximité avec les passants et de ressentir toutes leurs émotions ».

Avec leurs vêtements colorés, les deux femmes ne passent pas inaperçues. Elles portent d’ailleurs des vestes de cyclistes. Ce qui fait dire à Juliette Galamez : « C’est sportif d’être une femme puissante ! » Pour les deux artistes, c’est difficile d’aborder les passants et elles essuient au début plusieurs refus devant un arrêt de bus. Puis elles s’approchent de deux jeunes hommes.

Louca, 18 ans, et Théo, 20 ans attendent leur bus. Il va arriver dans six minutes. Juliette Galamez et ClaraOlive Gallego ont le temps de leur donner un petit bout de leur impromptu : lecture d’un texte et une chanson. Les deux jeunes hommes sont interloqués. Louca sourit, un peu gêné : « Franchement, ça fait plaisir un petit truc comme ça dès le matin. C’était cool, on ne voit pas ça tous les jours. » Très à l’écoute, et même si des passants regardent les deux femmes lire et chanter, il précise : « Je m’en fiche du regard des autres ! » Moins concerné, Théo a écouté d’une oreille : « Ce n’est pas trop mon style ce genre de spectacle mais cela me laisse un peu indifférent. Pourtant, dans ce qu’elles disent, il y a des paroles qui sont vraies. »

Plus loin, dans le parc de la Place Carnot, un livreur Uber Eats est sur son vélo, casque sur la tête, sac sur le dos. Il s’arrête pour discuter avec un voyageur qui trimballe sa valise à roulettes. Les deux artistes les abordent et ils reçoivent la lecture d’un texte et un chant. Sékou, le livreur, est ravi : « C’est très cool. La voix de la chanteuse est magnifique. » Alors qu’il est en pleine commande, il remonte sur son vélo et file en pédalant. Le voyageur, qui lui aussi se prénomme Sékou, exprime également son enthousiasme : « C’est la première fois que je vois ça dans la rue et ça m’a plu. Un moment de poésie, ça me va bien. C’est inspirant. »

Dans ce moment de la mi-journée, à l’heure du déjeuner, plusieurs personnes se sont posées sur les bancs du parc. Elles mangent un sandwich ou autre chose, discutent. Elles sont disponibles pour accueillir cet impromptu. Comme Mathilde, 19 ans, et May-Lee, 18 ans. Elles font toutes les deux un BTS au lycée juste à côté. Juliette Galamez lit un texte sur une personne lesbienne, en situation de handicap, puis ClaraOlive Gallego se lance dans la chanson « Bella ciao », ce chant de révolte qui à l’origine était interprété par les saisonnières italiennes qui travaillaient dans les rizières au début de 20e siècle pour dénoncer leurs conditions de travail. Dans ce morceau, la chanteuse se lance dans des vocalises puissantes. Les deux jeunes auditrices sont conquises. En particulier Mathilde : « Leur prestation était impressionnante, surtout la voix de la chanteuse. Il faut du courage pour faire ça, venir lire et chanter devant tout le monde. J’apprécie cette envie qu’elles ont de dire ce qu’elles disent à propos des femmes. C’est beau à entendre ! C’est bien de mettre en avant les femmes, avec un sujet sensible sur lequel il y a parfois des moqueries. C’est bien de sensibiliser les gens dans la rue. »  May-Lee est tout autant enchantée : « Juste avant qu’elles viennent vers nous, on les a entendu lire et chanter et on se demandait d’où ça venait. C’est une belle découverte ce qu’elles nous ont proposé. Ça m’a plu ! »

Les deux artistes continuent leur tour de la Place Carnot et s’approchent de deux hommes. Amar, 56 ans, et Hassan, 18 ans, sont des ouvriers qui travaillent sur un chantier. Surpris au début, ils écoutent par la suite avec beaucoup d’attention. Amar prend la parole en premier : « Ce texte sur le respect à avoir envers les femmes, ça me touche beaucoup. Et puis la chanteuse a une grande voix. » Hassan sourit : « C’était bien ce qu’elles ont fait. Je suis souvent à Lille où il y a plein de spectacles. Ça m’intéresse. Là, j’ai beaucoup aimé la voix. Elle est magnifique. »

Après cette nouvelle intervention, Juliette Galamez et ClaraOlive Gallego continuent d’aller offrir leurs textes, lus ou chantés, à d’autres personnes sur la place. A la fin de cette journée du 19 septembre, elles font une seconde session devant la gare de Douai et elles partent de nouveau à la rencontre d’autres personnes dans la rue, avec cette envie d’offrir, de partager et de discuter autour du féminisme.

Texte : Olivier Pernot
Photos © Olivier Pernot

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