Qui a volé la Joconde ? Hein ? Qui donc ? Et qui a pillé les tombeaux égyptiens ? Délogé les momies ? Subtilisé Impression soleil levant de Claude Monet ? La femme à l’éventail de Modigliani, Nature morte au chandelier de Fernand Leger, Le Pigeon aux petits pois de Picasso, l’Olivier près de l’Estaque de Braque, une « Pastorale » de Matisse, Comedian et America de Maurizio Cattelan, etc. La liste des monuments et des œuvres volés est longue.
À travers cette liste, un voyage au cœur de l’histoire de l’art s’offre à nous. Ce qui a inspiré Charlotte Bals et Marina Buyse de la compagnie Le Hasard n’a rien à se reprocher l’idée de l’écriture d’un spectacle interactif intitulé Chefs-d’œuvre en fuite.




Cet instant théâtral met en scène un agent de la TTRIIICHE (Terrain – Témoignage – Reconstitution – Imagination – Intuition – Intelligence Collective – Hasard – Évidence) incarné par Charlotte Bals. Celle-ci commence son rapport par l’époque des pharaons. Tout au long de son exposé riche en détails et en anecdotes savoureuses, elle invite le public à participer en incarnant le rôle de personnages clés. Tels que Dieu, des voleurs, un peintre, un commanditaire de toile, un gardien de musée, une conservatrice, des acheteurs lors d’une vente aux enchères, etc, et Madonna.



En effet, l’icône pop est, pour rappel, en bisbille avec le Musée de Picardie. L’intrigue a commencé lorsque la chanteuse a publié sur les réseaux sociaux, une photo d’elle, chez elle, posant devant une grande toile. Diane et Endymion (vers 1822) de Jérôme-Martin Langlois (1779-1838). Hors, ce tableau figurait sur la liste des œuvres disparues pendant la première guerre mondiale du Musée de Picardie à Amiens. L’œuvre acquise aux enchères par Madonna est considérée comme étant une copie. Néanmoins, elle n’est ni datée, ni signée et mesure quelques centimètres de moins. On peut donc penser qu’elle a été coupée. Brigitte Fouré, ex-maire d’Amiens, a lancé une requête vidéo à l’intention de Madonna dans le but de demander une expertise. À ce jour, la chanteuse continue de ghoster Brigitte.






Pendant plus d’une heure, jeudi 28 août 2025, à la Maison du Colonel d’Amiens (80), le public a délicieusement palpité, ri, joué avec cet agent de la TTRIIICHE. Et aussi beaucoup appris. « C’était super, en plus j’adore tout ce qui est art et histoire de l’art, a confié Florence, 63, enjouée par ce moment. J’ai appris des choses sur mon tableau préféré. Vraiment, c’est super. C’est pas prétentieux. Si on y connait rien, on apprend. C’est assez étonnant. C’est fait avec bienveillance, on se prend pas la tête. Y a pas de piège. Des fois, lors de spectacles, quand ils font participer les spectateurs, on est mal à l’aise. Et là, pas du tout, au contraire. »






Charlotte Bals et Marina Buyse ont eu envie de monter cet impromptu suite à l’écriture d’un premier spectacle sur Camille Claudel. Pour ce faire, elles avaient passé beaucoup de temps dans les musées. « Après, on regardait les œuvres autrement, a expliqué Charlotte Bals, comédienne. On a beaucoup aimé ce changement-là en nous. Nous avons eu envie de partager cela avec les gens en leur donnant des clés sur l’histoire de l’art, l’histoire des peintures et de leur peinture. Nous ne voulions pas que ce soit élitiste mais au contraire digeste et accessible. Nous jouons souvent dans des théâtres mais nous aimons beaucoup aller à la rencontre des gens dans différents endroits. Le programme Plaines d’été, financé par la DRAC Hauts-de-France, colle parfaitement avec notre philosophie. »





Charlotte Bals et Marina Buyse ont également adapté leur spectacle en fonction de la ville dans laquelle elle ont joué. « On aime bien faire de la médiation, faire participer et ce de plus en plus. Le public est plus impliqué en essayant de chercher avec nous. Et il retient mieux les infos qu’on leur transmet. C’est une forme qui convient bien à tout le monde. »




Albert, 58 ans, a ri pendant toute la performance. Il s’est aussi porté volontaire pour participer en tant que veilleur de nuit. « C’était très sympathique, a-t-il soufflé. Les gens pouvaient participer alors j’ai essayé d’apporter ma petite pierre. »
Pour info, la compagnie Le Hasard n’a rien à se reprocher sera de retour à Amiens, au Centre culturel Léo Lagrange les 9 et 10 octobre 2025.
Texte et photos : Gaëlle Martin