Elle marche seule dans la forêt.
Et un jour, elle part.
Oui.
Oh pas sur un coup de tête.
C’est mûrement réfléchi.
Depuis belle lurette.
Elle part seule dans la forêt. Ne serait-ce que pour savoir si elle en est capable.
La peur l’a longtemps empêchée de passer à l’action. Elle a encore peur. Mais cette fois, elle fait face. Que se passera-t-il en chemin ? Que découvrira-t-elle lors de ce voyage initiatique ?
Elle a prévu de partir plusieurs jours. Le contenu de son baluchon a été composé avec précaution.
« Elle est encombrée par le regard des autres »
explique Claire Pouderoux.
Cette dernière est l’auteure de ce texte, intitulé Poursuite. Claire Pouderoux en est également la lectrice. Aujourd’hui Lyonnaise, la jeune femme de 37 ans se produit souvent en Picardie et plus précisément à Amiens dont elle est originaire. Son équipe est d’ailleurs amiénoise non-exhilée, jusqu’à preuve du contraire. Poursuite fut livrée notamment à la Maison du colonel, au Musée de Picardie, au Safran, à la bibliothèque municipale Louis Aragon les 26, 27, 29 et 30 octobre.
« Au cours du chemin, des souvenirs d’enfance vont refaire surface, poursuit Claire Pouderoux. Elle va se revoir heureuse dans la nature. Et alors, elle n’avait pas peur. Qu’est-ce qui exige que l’on soit comme ci ou comme ça. l’inhibition ? La famille ? Une pression de réussite ? Elle est en quête de légitimité. Elle va apprendre à être là. C’est comme si tout était là depuis le début et qu’elle n’avait pas vu. Elle réalise qu’en fait, si, elle a le droit d’exister. Elle va s’autoriser à être. »
Apprendre à ne plus se maltraiter. Ne plus se répéter des mantras saboteurs.
Un texte lu avec beaucoup de fraîcheur et de bagout qui a su cueillir les spectateurs de manière très intime.
Josué, 26 ans, était surpris. D’après l’affiche, il s’attendait à quelque chose de moins introspectif mais davantage porté sur les oiseaux et les champignons, par exemple. « Je m’attendais à une balade », exprime-t-il tout sourire. Oui, car il n’est pas déçu. Au contraire. Il n’est pas un habitué de la Maison du colonel mais la magie des algorithmes, ce Grand Tout, lui ont fait passer la pub sous le nez. « Certaines phrases m’ouvrent des pistes de réflexion. En même temps qu’elle parlait, je me disais que moi aussi j’aimerais faire ça. Et je pense que je vais le faire. Suivre mon envie. Prendre un temps dans ma vie. Au moins trois jours. »
Au solde des ces quelques représentations amiénoises, Claire Pouderoux est ravie d’avoir pu « faire vivre ce texte dans des lieux si différents avec des publics si variés. » Beaucoup ont également rapporté que le texte, encore en cours d’écriture, leur avait évoqué des choses personnelles. En attendant la suite de Poursuite, il ne tient qu’à chacun de chausser des godillots, d’enfiler un bon vêtement de pluie et zou ! Ça peut être aussi simple que ça.
Texte et photographie : Gaëlle Martin