Le Prince de Motordu a planté son décor pour quelques représentations intimistes à la Maison pour Tous de Rivery, les 19, 20 et 24 novembre. En effet le texte de PEF a été adapté en pièce de théâtre. Un format court, une logistique légère pour être joué facilement partout. Le tout porté par les comédiens Pearl Manifold et Pierre-François Doireau de la Compagnie Des petit pas dans les grands.
Le Prince de Motordu a tendance à confondre certains sons et à inverser des mots qui se ressemblent phonétiquement.
« Un frigo fabrique des petits garçons qu’on met dans l’eau pour la rafraîchir. »
L’institutrice, au début surprise, prend le temps de travailler avec lui. Ses camarades de classe rigolent davantage de lui qu’avec lui. Mais petit à petit, ils apprennent à l’apprécier pour lui-même plutôt que pour sa parlure singulière.
Pendant les représentations, petits et grands avaient les mêmes étincelles dans les yeux et riaient de bon cœur. Emma, 10 ans, a apprécié d’être replongée dans ce texte qu’elle dit avoir lu vite fait il y a longtemps. « J’ai bien aimé les jeux de mot du prince, exprime-t-elle. Comme quand il confond femme et flamme. Ce n’est pas comme ça qu’on parle dans la vraie vie. » Elle a certainement également aimé ce moment privilégié avec sa mère, loin de ses quatre frères et sœurs. « De temps en temps on va voir aussi des spectacles au Safran. »
Il n’est pas chose aisée d’être différent des autres. Qu’importe la différence, avérée ou non, elle est toujours une souffrance pour un individu qui veut simplement être comme les autres et être accepté par le reste de la société, sans être stigmatisé. Souvent, il déploie des efforts considérables pour s’adapter et cacher son « monstrueux » secret. C’est d’ailleurs également ce que la société lui demande. Pourtant, sa différence n’est pas un défaut. La Dyslexie, pour ne citer qu’elle, tourmente encore beaucoup d’enfants. Ainsi, il est important de dénouer les idées reçues.
Pour Pierre-François Doireau, le comédien incarnant le rôle du prince, c’était une belle émotion de jouer ce texte avec lequel, lui et ses deux grandes sœurs, ont grandi. « C’est un texte sur la tolérance, explique-t-il. Le Prince de Motordu n’est pas comme tout le monde mais les personnages vont réussir à vivre ensemble. »
Pendant la pièce, les enfants se voient distribuer un petit livret qu’ils emportent ensuite chez eux. Pour Pearl Manifold, c’est très important. Une manière de prolonger cette petite bulle poétique. « Quand ils seront chez eux, ils pourront repenser à ce moment, faire les exercices et les jeux. »
Toutefois, ce texte comporte quelques poncifs qu’il serait bon de modifier. La maman d’Emma a beaucoup ri tout au long du spectacle mais n’a pas été sans tiquer lorsque l’on demande au Prince, qui ne souhaite pas se marier, « Mais alors, qui va laver ton singe ? ».
Texte et photos : Gaëlle Martin