Dans la ville de Berck, il y a un lieu tout rond. Une enceinte circulaire à l’intérieur de laquelle un centre social aux activités multiples a été construit. Il s’agit du Cottage des dunes. Dans cette sphère, à l’ombre d’un bel arbre, une bulle de douceur a éclos, mercredi 28 août 2024.
En effet, trois musiciens de l’ensemble Hemiolia ont livré un récital. Deux chanteuses et un guitariste classique. D’ordinaire, le registre de cet ensemble est baroque. Mais ces derniers, désireux d’être plus accessibles au grand public, ont allégé le lyrisme. Qu’ils se rassurent pourtant, les voix lyriques, surtout enchantent presque tous les cœurs.
Au programme de cet impromptu, des chants de différents pays, en clin d’œil aux jeux para-olympiques. Souvent des hymnes pas très connus à part le célébrissime God Save the Queen (enfin King en raison du sexe du désormais couronné Charles). Mais aussi des chants entonnés davantage que les hymnes officiels comme Va, pensiero, le chant des esclaves hébreux tiré de l’opéra intitulé Nabucco de Verdi. (Je chante avec toi liberté, pour la version de Nana Mouskouri).
Pendant une petite heure, les heureux spectateurs se sont fait bercer dans neuf langues différentes. Avec délicatesse et élégance. Une belle approche inédite pour certaines personnes n’ayant jamais été amenées à écouter de la musique classique. Des personnes qui n’oseraient jamais aller à l’opéra, notamment, car bien trop intimidées et convaincues que la grande culture n’est pas pour elles.
« Ce programme a pour vocation de s’adresser à un public très large, exprime Cécile Pierrot, soprano. Notre première représentation a eu lieu à la prison de Béthune. C’était très émouvant et fort avec les prisonniers. Certains se sont même levés pour chanter avec nous et ils sont repartis dans leur cellule en chantant. »
« Vous vous produisez sur scène ? » a naïvement demandé un spectateur.
– Oui, nous sommes musiciens et enseignants.
– Et c’est difficile de chanter dans toutes ces langues différentes ?
– Ça fait partie de notre travail d’apprendre à bien prononcer différentes langues. Notamment parce que c’est en lien direct avec la mélodie. La mélodie ne peut être approchée que par la prononciation. Nous avons choisi notre programme de ce matin en fonction de nos tessitures. Pour l’harmonie des deux voix. Et on ne voulait pas chanter des hymnes qui sonnent trop militaires. Nous n’avons pas chanté la Marseillaise, surtout parce que c’est trop connu mais aussi parce que les paroles sont masculinistes et virulentes. Et puis nous avions envie de voyage. »
L’abord simple des musiciens a amené les spectateurs à poser des questions puis à discuter ensemble. « J’ai trouvé ça magnifique, a soufflé Kathy, 48 ans. Surtout dans ce cadre. Ça s’y prête. On est transporté par leur voix et la guitare. Et puis ça fait découvrir différentes langues et chants. »
Texte et photos : © Gaëlle Martin