« La fraternité, pour vous, qu’est-ce que c’est ? »
Voici la question posée et exposée lors du spectacle Je suis Fraternité. Une singulière conférence orchestrée par Nathalie Grauwin et Luc Kienzel, sans oublier Lucien le chien, « l’ami de tous les humains », de la compagnie la Camphinoise, samedi 6 septembre 2025 à la Brasserie de la Somme de Domart-en-Ponthieu. Un événement soutenu par la DRAC Hauts-de-France avec le projet Plaines d’été.
Avant toute chose, le public a été invité à répondre à cette question en l’écrivant sur un bout de papier. Amour, entraide, lien entre frères et sœurs, l’union, la communion et la générosité, agir avec tolérance, partage, tous les êtres vivants, un idéal de société, joie, sororité, être comme des frères. Telles ont été les réponses.






Pour approfondir le sujet, un éminent chercheur très farfelu, incarné par Luc Kienzel, a expliqué sa théorie très personnelle en utilisant l’image d’une pizza. Pâte, tomate et garniture, tout y est passé pour décrypter les rouages d’une civilisation. Une démonstration étayée de nombreuses citations philosophiques plus ou moins sérieuses.



Les spectateurs se sont prêté au jeu avec joie et les rires ont ricoché sur les parois de cette grange aménagée en scène de spectacle. Je suis Fraternité est venu joliment agrémenter cette belle fin d’après-midi ensoleillé.



« Quel est votre objectif avec ce spectacle ? » a demandé un spectateur. « Pour rencontrer des gens et discuter avec eux, a répondu Nathalie Grauwin. Il faut que des tas de trucs se passent, des spectacles, pour se distraire, réfléchir… Au début, j’avais commencé à écrire un grand dossier et je pensais inviter plein de chercheurs. La fraternité est un thème cher à mon cœur. Je viens de là. J’ai été élevée par mes grands-parents dans un village du Nord. Ma grand-mère s’appelait Blanche, comme mon personnage dans le spectacle. Quand les clochards, parce qu’on disait comme ça à l’époque, allaient voir monsieur le curé, il répondait « allez chez madame Blanche, c’est la maison du Bon Dieu. J’ai eu la chance d’être élevée par cette femme formidable. Sa maison était un refuge pour tous ceux qui en avaient besoin. Ces dimensions humaines et fraternelles ont fondé la personne que je suis. J’essaie d’être proche de ce qu’on m’a transmis et de le transmettre aux autres. L’amour est la plus grande force qui existe. »



Discours que ceux qui connaissent Nathalie Grauwin ont approuvé. « On a beaucoup aimé ce format, ont confié de concert Marie-Françoise, 60 ans et Pascal, 59 ans. C’est très plaisant que ce soit en dehors d’un théâtre. Surtout sur ce thème qui nous a permis de discuter avec les autres personnes avant le spectacle. C’est pas mal de faire participer les gens, d’ailleurs. Ça crée de la proximité avec les acteurs. Et c’est bien aussi qu’il y ait, dans ce très beau lieu très convivial, du théâtre qui amène à réfléchir. C’était très philosophique, on a évoqué de vraies questions. Et c’était très touchant la manière ultra personnelle dont Nathalie est intervenue à la fin. C’était plein d’humanité, une vraie rencontre. Les gens y ont été sensibles. »





Isabelle, 62 ans, a beaucoup apprécié l’humour et a eu un coup de cœur pour les costumes. « Surtout les baskets de Luc Kienzel. J’ai aussi aimé leur diction, leur façon très naturelle de mener les échanges. Comme dans une vraie conférence. C’était pas comme du théâtre ou les acteurs jouent des gens qui jouent. » La fraternité est aussi un thème qui touche particulièrement Isabelle. « J’essaye de faire ma part. » Tout comme Yveline, 73 ans. « Ça me parle énormément, souffle-t-elle. Je pratique la fraternité tous les jours au sein du Secours Catholique où je suis bénévole. C’est notre slogan. J’ai été étonnée par la manière de Luc Kienzel d’aborder les choses. Avec la pizza. C’est surprenant. Mais le fil conducteur est en fait très profond. »
Texte et photos : Gaëlle Martin