Le 23 juillet dernier, la compagnie Sang Fauve a installé son impromptu sonore au cœur de la médiathèque de Bersée, dans le Pévèle, transformant l’espace en un campement de mémoire vive. Entre chaises de camping, casques audio et récits d’inconnus, les visiteurs et visiteuses ont été invité.e.s à plonger dans une collection de souvenirs d’été.




Ce mercredi après-midi, entre les rayonnages paisibles de la médiathèque et les feuillages frémissants du jardin, un petit monde parallèle s’est installé. Chaises pliantes, bouées gonflables, boissons déshydratantes et tente-studio formaient le décor d’un campement insolite où se racontaient des étés passés.
Au centre du dispositif, des casques audio branchés sur de petits lecteurs : quatorze récits d’été, enregistrés lors d’impromptus précédents, attendaient là leurs oreilles attentives. Rires, silences, voix posées ou vibrantes, les visiteurs ont pu s’immerger dans ces fragments intimes de vies anonymes, dans un espace d’écoute à la fois simple et accueillant.




Témoigner, écouter, se reconnaître
L’impromptu, porté par Clara Benoit-Casanova, artiste et autrice est pensé comme un dispositif transdisciplinaire, mêlant création audio, installation et recueil de témoignages. À chaque étape, les récits collectés viennent nourrir la trame vivante de cette bibliothèque sonore de l’été.
En début d’après-midi, un couple s’est longuement attardé : elle s’est lovée dans une bouée, lui s’est calé sur une chaise de camping. Ensemble, ils ont écouté les quatorze souvenirs avec une grande attention, riant parfois, touché.e souvent. Parmi les récits, celui d’une femme parlant du dernier été de son père les a profondément marqués. À leur tour, ils ont confié leur mémoire : le tout premier départ en vacances d’elle avec son mari, et pour lui, les jours de pluie passés devant la télévision. Deux fragments sensibles, qui ont rejoint le fil sonore du projet.




Des enfants, des rires, et une médiathèque vivante
Au fil de l’après-midi, d’autres visiteur.ses se sont prêté.es au jeu : des parents, des enfants, parfois très jeunes, qui ont écouté avec amusement et offert leurs propres récits. Ce va-et-vient entre l’écoute et la parole a créé une ambiance légère, bienveillante, ponctuée de rires et de chuchotements. « C’est une super idée », remarque une dame, « c’est très sympas »commente une autre. « Je me suis totalement évadée », s’exclame une dernière en se relevant de sa bouée.






Pour Mélanie Mika, responsable de la médiathèque, ce moment correspondait exactement à ce qu’elle avait imaginé : « J’ai tout de suite visualisé ce que ça pouvait donner ici, dans l’espace de notre médiathèque. » Informée sur le dispositif Plaines d’été lors d’une réunion du réseau Graines de culture(s), le réseau des médiathèques du Pévèle-Carembault, Mélanie a tout de suite manifesté son intérêt pour accueillir les artistes : « C’était comme un coup de cœur. En plus, nous n’avions jamais proposé de dispositifs sonores, c’était l’occasion de faire découvrir. »
Un théâtre du quotidien
Avec ce projet, Sang Fauve propose une forme à la croisée du documentaire sonore et de la performance . Dans la bouée des souvenirs, chacun.e devient acteur.ice d’un théâtre du quotidien, où les souvenirs d’été, joyeux, nostalgiques ou anodins, deviennent matière à créer du commun. « J’ai l’habitude de proposer des créations sonores à partir de témoignages, renseigne Clara, c’est dans cette lignée que j’ai créé Souvenirs d’été, spécialement pour Plaines d’été. »





La compagnie propose également un autre impromptu dans le cadre des Plaines d’été : deux lectures théâtralisées, écrites et mises en scène par Clara, à destination des adolescent.e.s.
Et pourquoi Plaines d’été ? « Je trouvais ça intéressant de venir toucher les personnes qui ne partent pas en vacances, et puis, pour la compagnie qui était jusque là plutôt basée à l’international, c’est l’occasion de créer du lien et du réseau sur le territoire. »
Texte et photos : Sidonie Hadoux