PLAINES D’ÉTÉ – Step – Compagnie Farid’O – 30 août à Quiévrechain (59)
« C’est un bonheur de rejouer, de remettre les pieds sur scène ! » Juste après la représentation, le chorégraphe Farid Ounchiouene est essoufflé mais heureux. « Les trois dates que nous avons faites, à Outreau, à Saint-Martin-Boulogne, et là, à Quiévrechain, nous ont permises de reprendre les répétitions de mon spectacle Step. Nous l’avons démarré en septembre 2019 mais après quelques représentations, à cause du confinement, nous avons dû l’arrêter. Ça tombe bien qu’il y ait le dispositif Plaines d’été pour redémarrer. »
La venue de la compagnie Farid’O à Quiévrechain s’est faite grâce à l’une de ses danseuses, Babette Amand. « Elle est originaire de la ville et y habite encore », précise Camille Coquelet, adjointe à la culture de Quiévrechain. « Elle y donne des cours de danse et a toujours voulu que la compagnie professionnelle dans laquelle elle danse vienne dans sa ville. Plaines d’été était la bonne occasion alors elle m’a contactée. Nous avons pensé proposer le spectacle en extérieur mais à cause du mauvais temps, nous avons finalement choisi de nous rabattre sur la salle des sports François Denis. »
Le 31 août, c’est un dimanche pluvieux à Quiévrechain. Mais la chaleur du swing réchauffe le gymnase. Le lieu est inhabituel pour un spectacle. La compagnie l’a investi pleinement, s’installant sous les panneaux de baskets, en posant au sol un grand tapis de danse en damiers noir et blanc. A coté du tapis une petite sono permet d’inonder l’espace de musique. « L’espace est immense. C’est un peu déstabilisant », confie Farid Ounchiouene. « Mais on s’adapte. C’est le principe de ces impromptus de Plaines d’été. » Face aux danseurs, le grand gradin accueille une quarantaine de spectateurs prêts à découvrir des extraits de Step. « C’est bien d’amener de la culture dans différents lieux », se réjouit le chorégraphe qui viendra plusieurs fois devant le gradin pour parler aux personnes présentes. « Je dois leur expliquer d’où viennent ces danses swing et comment nous les avons mélangées avec nos pratiques chorégraphiques contemporaines, hip-hop, jazz, etc. »
Après un solo hip-hop du danseur Ludovic Tronchet en ouverture (photo ci-dessus), le spectacle Step mélange la tradition du swing, avec des danses de couple ou des performances à quatre. Dans la sono, la musique jazz se déploie avec des cuivres mélancoliques, puis devient elle aussi rythmée, swing et dansante. Une voix off reprend les mots de l’écrivain James Baldwin pour raconter l’histoire d’un afro-américain qui débarque à Paris. Avec des mots forts : « J’étais un sale nègre dans mon pays et je suis devenu un Américain en France ». Le spectacle parle ainsi de l’esclavage et la condition de l’homme noir aux Etats-Unis et fait le lien avec les étrangers à Paris, les Français d’ailleurs, de Guadeloupe ou d’Algérie, et leur perception en France.
« La thématique du spectacle est dans l’air du temps », confie Gwenaëlle, 36 ans, une spectatrice. « J’aime ce genre de proposition qui mélange les danses du passé avec des formes contemporaines. Cela m’a donné envie d’aller à la représentation de Lomme pour voir le spectacle en entier. » Ses deux enfants, Adam, 7 ans, et Soumaya, 9 ans, sont aussi séduits par ce qu’ils ont vu, appréciant l’aspect joyeux de la danse swing. De son côté, Chantal, 53 ans, a aimé la synchronisation des quatre danseurs. Ce qu’on a pu admirer notamment dans les danses de couple : Babette Amand avec Ludovic Tronchet et Aline Rollin avec Farid Ounchiouene (photo ci-dessus). « Mon moment préféré du spectacle ? C’était tout ! », conclut Anielle, 10 ans, une jeune spectatrice.
Pour cette reprise de Step par extraits, Farid Ounchiouene et ses danseurs ont choisi le dialogue avec les spectateurs. Faire découvrir, expliquer et s’amuser aussi. Ludovic Tronchet vient alors au bord du gradin pour faire participer le public à un exercice de rythmes et de percussions corporelles. Les doigts claquent, les pieds tapent le sol, les paumes des mains frappent les poitrines. Les spectateurs sont conquis, renvoyant des sourires aux quatre danseurs qui ont débordé d’enthousiasme durant tout cet après-midi.
Texte : Olivier Pernot
Suivez la suite des impromptus des Plaines d’été en ligne !