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Au cœur des tourments de l’adolescence

PLAINES D’ÉTÉLe Syndrome du spaghetti8 septembre – Thun-Saint-Amand

Pour Plaines d’été, la Compagnie Lolium s’est emparé du roman Le Syndrome du spaghetti de Marie Vareille et en a donné une lecture-spectacle captivante le vendredi 8 septembre à Thun-Saint-Amand.


En cette fin d’après-midi du vendredi 8 septembre, Marion Zaboïtzeff et Henri Botte de la compagnie Lolium effectuent les derniers réglages avant que ne démarre le spectacle Le Syndrome du spaghetti. Elle est sur scène et lui derrière un ordinateur et une console de son. Pendant cette journée de canicule, la chaleur est étouffante mais il passe un peu d’air sous la halle couverte de Thun-Saint-Amand. Le lieu est atypique, en plein centre du village, avec pas loin des terrains de basket et plus loin le cimetière. Quelques chaises sont rajoutées au dernier moment pour accueillir les spectateurs qui commencent à arriver et à s’installer.


Le texte est posé sur un pupitre : il s’agit d’une adaptation du roman pour adolescents Le Syndrome du spaghetti écrit par Marie Vareille. Publié en 2020, ce roman raconte l’histoire de Léa Martin, 16 ans, et de la place qu’occupe le basket dans sa vie, d’autant que son père est coach. Le basket est tout pour elle. Il a nourri son enfance au point qu’elle veut devenir la 14ème Française à intégrer la WMBA (Women’s National Basketball Association), la ligue américaine professionnelle de basket-ball féminin. La maladie et la mort soudaine de son père sur un terrain de basket va bouleverser sa vie d’adolescente. Son rêve s’écroule. Comment alors se réinventer et garder espoir dans l’avenir ?


L’installation du spectacle est assez simple, avec seulement un pupitre, un micro et un banc de vestiaire avec un dossier et une patère. Sur un cintre est accroché un maillot des Chicago Bulls, la célèbre équipe de basket américaine, floqué du numéro 23 (celui du légendaire joueur Michael Jordan). Ce qui est surprenant, c’est que la représentation sous cette halle a lieu devant un terrain de basket qui devient alors un idéal fond de scène. Marion Zaboïtzeff est juste dans son interprétation, sans trop en faire dans les émotions ressenties par Léa. En particulier dans les passages où la jeune femme raconte ses tourments d’adolescente qui tombe amoureuse. La comédienne réussit à faire plonger facilement les spectateurs dans cette histoire où l’intime se mêle au dramatique.


Le public est large, avec des adultes mais aussi des enfants et des adolescents. Malgré la chaleur ambiante, le public est attentif, capté. Par moments, la comédienne quitte son pupitre pour lire, derrière un micro, des passages du carnet intime de Léa. La voix devient plus calme, douce, confidente. L’adolescente y parle et se confie à ce père disparu. Une musique douce, à la guitare, vient marquer les changements entre les différentes séquences et apporter des respirations. Pour illustrer une soirée en banlieue, un morceau hip-hop, plus groovy, apporte l’illustration sonore parfaite. On plonge alors dans l’univers d’Anthony que Léa a rencontré sur un terrain de basket dans la cité de la ville voisine. Avec lui, elle retrouve le goût de vivre et se fixe un nouvel objectif. Toujours dans le basket évidemment !

D’ailleurs, avant le spectacle, Henri Botte confiait : « Nous devions jouer cette représentation directement sur le terrain de basket, mais avec le soleil et la chaleur, c’était finalement impossible ! » Cela n’a rien enlevé à ce texte qui manie les émotions et où se bousculent la joie, la désillusion, le drame, l’amour et l’espoir avec beaucoup de justesse.


Pour suivre cette histoire familiale, plusieurs parents et enfants sont venus ensemble. Comme Félicien, 13 ans, du village voisin de Nivelle, accompagné de sa mère : « C’était bien ce spectacle. J’ai aimé cette histoire. On peut s’identifier car c’est l’histoire d’une ado. Même si le basket, ce n’est pas mon univers ». Sa mère, Élise, 42 ans, est conquise : « Il y a beaucoup d’émotions. La comédienne arrive à nous transporter dans l’univers de Léa, et nous, adultes, ça nous replonge dans notre adolescence. On voit bien tous les personnages car elle change de voix et les fait vivre. C’était super ce lieu. J’aime les spectacles dans des lieux insolites et apporter du théâtre dans un petit village comme Thun-Saint-Amand, c’est génial ! »

Nina, 13 ans, habitant à Hasnon, est venue avec Héloïse, sa mère, et Zélie, sa petite sœur de 8 ans : « Ce spectacle était vrai et bien. La comédienne a très bien joué et ça m’a donné envie de lire le livre pour découvrir l’histoire en entier. Je fais du foot et comme l’héroïne du spectacle, j’aimerais faire du haut niveau donc je me suis sentie concernée et je comprends ce qu’elle a vécu ! » Sa maman, Héloïse, 37 ans, avait lu le livre dont est tiré le texte interprété : « J’ai retrouvé cette poésie dans le spectacle. Les sursauts du cœur, les nœuds dans le corps. On vit avec Léa et j’ai ressenti ses émotions. » Puis elle glisse : « Avec mon amie Élise, nous sommes venues avec nos enfants car le thème du sport pouvait les intéresser. »


Trois amis, Stéphanie, Cathie et Rémi, étaient également présents. Cathie, 48 ans, habitante de Thun-Saint-Amand, est ravie : « Je suis bouleversée. J’ai adoré. C’est un livre pour les ados mais les adultes s’y retrouvent aussi. Les événements de la vie de cette jeune femme nous parlent. Il y a aussi ce rapport à la mort qui nous concerne tous. J’ai trouvé Marion, la comédienne, extraordinaire. Je la connais, mais, le temps du spectacle, j’ai oublié mon amie et j’ai vu tous les personnages. A certains moments de la pièce, j’ai pleuré. » Stéphanie, 48 ans, réside à Flines-lez-Mortagne. Elle aussi est enthousiaste quand elle parle de la comédienne : « Elle incarne les personnages naturellement. Elle occupe l’espace. En plus, le cadre du spectacle était super : c’est top d’être dehors ! » Rémi, 25 ans, venu de Lille, revient sur le principe de la lecture-spectacle : « Que la comédienne ait le texte en main, ce n’est pas un problème. Au contraire, ça rapporte quelque chose d’intéressant car ça nous connecte à l’écrit et donc au livre. »



Texte : Olivier Pernot
Photos © Olivier Pernot

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