Une ligne d’un point A à un point B.
Un tracé que l’on apprend à arpenter.
Une montagne à gravir.
Un sommet du haut duquel la musique jaillit de notre cœur enjoué.
Puis, immanquablement, une bourrasque nous fait vaciller, glisser, chuter.
Chacun sa ligne de vie. Des barres parallèles.
Et pourtant, on se rencontre. Nos pas, nos gestes, nos actions, nos regards, nos sentiments s’invitent à danser sur la ligne de nos semblables. Et inversement.
Parfois, exsangues, nous nous recroquevillons sur nous-même, tels des insectes dans une chrysalide d’effroi.
Alors, une main amicale sur l’épaule, des paroles réconfortantes et le souffle d’un cœur aimant juste là, sur notre ligne, peuvent faire des miracles.
Le lien.







Joad Caron et Gauthier Dubot, de la Cie Nexus, se sont inspiré du lien qui les unit pour concevoir ce spectacle de mât chinois. Les deux jeunes circassiens ont créé leur compagnie en 2022, épaulés par le Cirque Jules Verne – pôle national cirque Amiens. Puis, leurs chemins ont pris des directions différentes pendant un temps. Gauthier Dubot a suivi l’enseignement du CRAC de Lomme et Joad Caron, quant à lui, celui du CNAC de Chalon-en-Champagne. Cette longue séparation n’a pas pour autant dessiné un point final sur la ligne de leur collaboration. Au contraire, ils s’en sont servi pour l’écriture de Chemin, une forme courte destinée à être jouée sans demander de lourde logistique ici et là. Ou encore ailleurs. Avec le soutien de la DRAC Hauts-de-France dans le cadre de la programmation Plaines des tentes / Pleine détente.



Sur une structure à deux mats, ils exécutent des merveilles avec l’agilité de jeunes chats. Des prouesses physiques, techniques, certes, mais sans oublier le sens et la poésie. Chaque spectateur·rice appréciera selon son aptitude à recevoir ci ou ça. En ce mercredi 27 août 2025, l’audience était largement constituée des résident·es du camping de Saint-Blimont (80). « Ah c’était super ! Y a pas d’autre mot à dire, exprime avec enthousiasme Jean-Luc, surnommé Beau-Gosse, 75 ans. Il faut de la souplesse. C’était génial. Je ne pensais pas qu’en venant ici ce soir je verrais des choses comme ça. C’était vraiment super ! J’ai pas de mot. Vous appelez ça comment ? Le machinoi ? Je n’avais jamais vu ça. J’aimerais montrer ça à mes petits-enfants, je suis sûr que ça va leur plaire. On ira voir leurs prochains spectacles. »




Une fois l’impromptu terminé, les circassiens ont invité les spectateur·rices à partager avec eux. Ces dernier·ères ont sauté sur l’occasion pour leur poser pléthore de questions. « Et on peut vous suivre comment ? Pour venir vous revoir. » Et blablabli et blablabla.








Catherine, 68 ans, a été très impressionnée par le spectacle. « Je ne sais pas comment ils arrivent à faire ça ! Il doit y avoir une certaine musculature. Et beaucoup de travail. Qu’est-ce qui vous demande le plus d’énergie ? » a-t-elle demandé à Joad Caron et Gauthier Dubot. Ces derniers ont échangé avec joie et humilité sur leur passion. Puis, tout le monde a rejoint son bungalow, bien heureux·se d’avoir vécu ce beau moment et réjoui·e par la perspective de pouvoir suivre les prochaines aventures de Nexus.


« Quand on s’installe les gens nous abordent facilement, a confié Gauthier Dubot. On voulait que la structure soit la plus simple possible. On voulait que les gens voient des prouesses mais sans se rendre compte de l’effort, de tout le travail fourni en amont. » Que ce soit fluide.



« Ce n’est pas une volonté de notre part de mettre en avant la technique, a ajouté Joad Caron. Il y en a. On a eu quelques semaines de labo. Mais c’est l’histoire et la poésie avant tout. »
Texte et photo : Gaëlle Martin